La cavalcade défilait ce dimanche dans les allées d'orangers endeuillés qui menaient comme un obscur entonnoir jusqu'aux champs de coquelicots.
Partout les chiens couraient, lançant en défi leurs griffes de métal sur les statues de carton, inertes, qui passaient dans cette chaleur torride.
Des chevaliers, résignés, vêtus de pêches, brandissaient des oriflammes mouillés, des duchesses les suivaient, arborant des bagues de cerise,
des robes en marguerites de crépon, fragiles comme des mémoires de vieux volcans.
Les cuisses des filles, qui suivaient ce cortège épais comme un dortoir, attendaient la profondeur d'une nuit de figuiers, de vignes,
où leurs sexes de miel tiède deviendraient chardons pour des ours porteurs de Samsonites et de moustaches en pamoison.
Princesses qui rêvaient de luxe et de luxure, de Mercedes à toute allure, défiant les tunnels de la mort et du sang.
Les enfants aux sourires d'étain, aux yeux à fleur de peau, imaginaient d'improbables avions, se construisaient une mémoire.
La découverte des exo planètes ne les émouvait déjà plus, depuis qu'ils savaient qu'ils n'étaient que poussière d'étoiles.
Le clochard, ivre d'idées aussi folles que soyeuses, tanguant sur son océan de cuir, crachait sur ses godasses avec amusement.
29/07/15