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Pages de terres geléesPages de terres gelées [10 poèmes courts] Pages de terres gelées – Une ombre marche sur l’étendue – Depuis combien de temps cette ombre est-elle la nôtre ? Pour quelle distance encore et encore ? ○ La montagne s‘est attristée de sa perte de glace – Ce soir la neige lui jure à nouveau fidélité. ○ La chaleur est gîte – la moindre couverture est compagne chérie et bénie des mots. ○ La lune au-dessus de cette route n’a pas glissé sur le verglas. Le temps n’a pas dérapé sur lui-même – le grand cerf n’a délivré aucun message. ○ L’éternité hiberne dans l’éternité. Le reste du temps se réchauffe les doigts. ○ Le chant s’élève dans l’église, enjambe les cierges et se glisse au-dehors. Le voilà parti sur les traces de son frère le vent d’hiver. ○ La neige et la glace sont deux sœurs – filles du grand froid, féérie pour la roche. ○ Non jamais je n’oublierai cette chandelle dans la nuit dans l’hiver de la plaine. ○ Si je croyais en un dieu, peut-être voudrais-je entrevoir son visage sur les plus hauts pics ou sur les pays les plus plats. ○ Il a neigé cette nuit. Le support est à nouveau vierge. Ce matin les mots sur la page blanche vont pouvoir faire de la luge. Tom Astral . Ode à l'engloutissementL’engloutissement est ce mouvement qui nous happe vers les profondeurs. Il est un désir jamais assouvi, car le temps d’y parvenir, trop tard, il n’est plus rien à vivre. Je voudrais me noyer. Rejoindre cet espace sans pesanteur où aucun angle ne me retient. Mon corps s’étire dans un geste d’abandon. Aucune goutte ne fait déborder aucun vase, puisque c’est à l’océan tout entier que j’appartiens. Tomber, tomber encore, sombrer enfin. Alors je plonge dans mes souvenirs, je glane ces instants qui ont la force du présent. S’y agglutinent les choses passées et enterrées, à présent rescapées. Un glouglou gracieux m’accompagne, ainsi qu’une musique festive au son étouffé. Un églantier éclate dans mon cœur et ta langue parcourt ma peau, tout comme l’eau. Une extase. Des fleurs phosphorescentes m’accueillent à présent. Compter les coupsElle a la gueule de la fille qui ne voudrait pas être là. Elle a un joli visage, des cheveux pas trop mal coiffés, mais surtout, elle a une gueule à ne pas vouloir être là, dans un commissariat de police. « On vous a fait venir parce que votre ex s'est retrouvé à l’hôpital suite à des coups et blessures survenus le 18 décembre… Enfin, je vous lis le rapport de police… » Elle baisse un peu la tête, regarde la table qui est marron et moche, mais alors, vraiment tout ce qu'il y a de plus marron et tout ce qu'il y a de plus moche. Elle évite de se tripatouiller les mains et ne les met pas non plus sous ses cuisses comme elle le fait parfois : elle se dit qu'avoir les mains apparentes fait partie des bonnes manières à avoir dans un commissariat. «Vous vous êtes séparés en octobre, c’est bien ça ? - Oui, c’est ça. » Elle ne parle pas assez fort, un murmure sort tout juste de son petit gosier de petite femme. « Pardon ? demande le policier, un peu sèchement. - Oui, oui c’est bien ça, reprend-elle, un peu plus fort. » Le policier s'installe confortablement dans son siège. Il marque une pause et annonce : « Une plainte a été déposée contre vous pour coups et blessures. Vous risquez 10 000 euros d’amendes et 2 ans d’emprisonnement » Lorsqu’il prononce cette phrase, le policier la regarde bien droit dans les yeux. Il parle sans bouger les sourcils ni aucune autre partie de son visage. C'est comme si les muscles de sa bouche s'étaient soudainement désolidarisées du reste. Elle se dit que c'est un truc qu'ils doivent apprendre en école de police. Elle imagine un gars qui débarque dans une salle de cours bourrée d'élèves policiers : « Salut les gars ! Alors aujourd'hui, on va apprendre à parler en regardant bien dans les yeux sans bouger les sourcils ! Hein, les gars, vous me suivez ? Bon, c'est un truc un peu compliqué à faire, mais c'est un truc que quand même, ça peut être vachement utile dans les interrogatoires, surtout pour impressionner les jeunes filles qui n’ont rien demandé à personne.» Si elle n'était pas là, dans ce commissariat, à risquer 10 000 euros d’amendes et 2 ans d’emprisonnement, ça la ferait rire de penser à ça, mais là, non. Il y a tout juste une ébauche de sourire qui se dessine et que personne ne remarque. « Une plainte ? Contre moi ? reprend-elle. - Oui, sinon, on ne vous aurait pas convoquée », répond le policier avec agacement. Elle laisse passer un instant, regarde à nouveau la table marron moche puis relève la tête. « Mais franchement, est-ce que j'ai l’air d’une fille qui va casser la gueule de son ex?» Et disant cela, elle ne bouge pas un seul poil de sourcil. 1 - Tout commença il y a quelques mois. En deux semaines, à peu près tout ce qui constituait son existence se cassa la gueule, point par point. Au final, elle n'opposa rien à cette force brutale qui semblait s'abattre sur elle, soit qu'elle n'ait rien tenté pour la contrer, soit qu'elle ait tapé dans le vide. Le premier choc fut son copain qui lui annonça que c'était fini, qu'il avait rencontré quelqu'un il y a 2-3 semaines donc voilà. Sur le coup, elle se dit que tout cela allait un peu vite. La facilité qu'il avait à la quitter la déconcertait : cette rupture passait pour une banalité et il n'avait même pas réussi à cacher son impatience à la voir pleurer, concluant ces deux années avec elle par un : C'est bon, ça va. « Tu l’as connue comment ? », lui demanda-t-elle un peu plus tard. - A une soirée chez Fran » répondit-il machinalement. Sur le moment, elle ne réagit pas, mais juste après, elle tiqua : « Mais Fran, il a plus d’appart depuis 6 mois. ». Elle sentit le trouble sur son visage, lui tenta de se rattraper : « Ah… Je sais plus, ça devait être chez Dam... - C’était il y a trois semaines et tu sais plus ? - Non mais… - C’était à la soirée de Fran, quand j’avais pas pu venir, il y a 6 mois. Ça fait 6 mois que tu me trompes ! » Il nia mollement puis finit par avouer : oui, ils se voyaient depuis un certain temps déjà, uniquement en journée. « En journée pendant que je bosse pour payer le loyer », pensa-t-elle, mais alors que son ego était plus que jamais piétiné, elle n’osa heurter le sien. Ils s’accordèrent pour qu'elle reste à l'appart le temps de trouver autre chose. Le semaine d’après, il lui demanda de partir d’ici la fin de la semaine parce que sa nouvelle copine s'était fait virer de son appart. Elle tenta de réagir. « Mais je fais comment moi ? ». Il répondit par un haussement d'épaule. Sidérée, elle le chercha du regard, mais lui se contentait en guise de combat d’exposer toute l'étendue de sa lassitude. Elle protesta, bafouillant que c’était pas possible, qu’on traite pas les gens comme ça. Il se retourna enfin vers elle et lui balança que techniquement, le bail était à son nom, donc… A cet instant, elle conclut que la seule dignité qui lui restait était de partir, sans attendre. Une fois dehors, elle appela une collègue de boulot qui accepta de l'héberger pour quelques temps. Au début, elle lui signifia sa plus profonde empathie, l'invitant à se confier avec un air entendu et compatissant. Lorsqu'elle voulut éviter la discussion, elle sentit dans son regard déçu qu'elle devait se plier au jeu. Elle déroula donc son histoire et laissa sa collègue la ponctuer de « oui c'est sûr c'est pas facile » et autres « ah non mais vraiment, c'est un connard». Au bout de deux jours, sa collègue avait épuisé ses répliques et se mit alors à l'ignorer, puis ne cacha plus son agacement de la voir traîner chez elle. Le vendredi, elle lui demanda si elle pouvait trouver quelqu'un d'autre pour l'héberger le week-end parce qu'elle voulait quand même pouvoir être seule avec son mec. Elle disait mec en allongeant la voyelle et faisant sonner le « c »: ça sonnait comme une claque. Elle avait un mec comme d'autres une paire de couilles. « T'as quelqu'un d'autre chez qui tu peux dormir ? - Oui, oui, bien sûr. Faut que je voie. » Elle n’avait personne. Elle avait quitté Lyon pour rejoindre son copain à Strasbourg et en deux ans, n’avait pas lié de réelle amitié. - De toute façon, tu peux revenir lundi si tu veux. Sans souci !» Elle se trouva pour la deuxième fois dehors avec sa valise à roulette. Elle traversa la ville, se rendit à l’Auberge de jeunesse de la ville et y passa le week- end, à moitié amorphe. Le dimanche soir, elle appela sa collègue ; personne ne répondit. Elle attendit 19h45, juste avant la fermeture de l'accueil puis descendit prolonger la réservation d'une semaine. A partir de ce moment, son quotidien se résuma à l’entretien du présent : se laver, aller travailler, manger, dormir et recommencer. Les questions se percutaient en continu dans sa tête : qu’allait-elle faire ? Pourquoi en était-elle là ? Elle ne savait si elle devait retourner à Lyon où elle n’avait plus d’attache, ou bien rester ici, où rien ne la retenait. Elle avait envie d’ailleurs, mais ailleurs, c’est toujours quelque part. Après tout, elle ne cherchait rien d’autre qu’une vie supportable. Peut-être était-ce là le problème, ce manque d’ambition, ou peut- être n’y avait-il pas de problème, juste rien à espérer. Le jeudi soir, à la sortie du boulot, elle alla se fondre dans le vacarme de la ville, fit quelques courses, puis sans réfléchir, entra dans la pharmacie d’à côté, acheta du Doliprane, puis des somnifères. Arrivée à l’auberge, elle regarda dans la notice la dose conseillée pour les somnifères, mit le triple dans un grand verre de vin et une fois les comprimés dissous, jeta le tout. A cet instant, en voyant l'évier engloutir le contenu de son verre, quelque chose lâcha en elle. Elle réalisa que deux semaines durant, elle n’avait fait que compter les coups. 2 - L'auberge se trouvait un peu à l'extérieur de la ville, dans une zone où la seule tentative manifeste d'embellir l’espace était des pots de fleurs, tentative malheureusement ratée puisque les fleurs elles-même étaient moches. Ce soir-là, elle était au bar en face de l'auberge. Elle était là, attentive à chaque mouvement autour d'elle susceptible de la distraire d'elle-même. Le patron essuyait les verres, un groupe de l’auberge jouait aux cartes, un vieux au visage émacié se tenait au comptoir tandis que des gars se retrouvaient autour d’une bière... Le bar était un ventre chaud qui grouillait de cette petite vie. Elle avait pris l'habitude depuis quelques jours de venir ici. Elle était reconnaissante au patron de ne lui avoir jamais posé de questions, elle qui semblait détonner dans cet environnement. Elle l’aimait bien parce qu'il avait une moustache poivre et sel épaisse qu’il trempait dans sa bière quand il buvait. Son regard se perdait dans le vide puis bloqua sur une pancarte : Petit déjeuner. Boisson chaude + tartine avec beurre et confiture. 5 euros. « Vous avez de la confiture d’oranges amères ? » Cette voix qu'elle entendit, elle ne la reconnut pas tout de suite comme étant la sienne. Le patron releva la tête, un peu étonné. « Oui, pour les petits déjeuners. Vous pouvez venir demain matin, vous verrez, c’est sympa... » - D'accord. » Elle s'excuserait presque d'avoir parlé, mais elle était lancée, alors elle poursuivit : « Et ça serait possible d'en avoir ce soir ? » Elle aurait pu rajouter qu’il n’y avait pas grand-chose qui lui faisait plaisir en ce moment, que c’était même la seule chose qui lui faisait juste envie depuis longtemps, mais bon, elle n’allait pas s’étaler non plus. « Ben, non, lui répondit-il, un peu penaud. On a des plateaux pour le soir, avec du saucisson ou du fromage… - Ah. Non, ça ira. » Il vit sa mine déçue, certes polie mais déçue, alors il se ravisa. « Mais je peux peut-être faire une exception. - C’est vrai ? - Disons que oui. » Elle sentit poindre en elle quelque chose de l'ordre de l'excitation, du contentement, quelque chose du moins, qui ne soit ni de la lassitude, ni du soulagement. Le goût amer vint réveiller ses papilles que le beurre et le sucre enrobaient de douceur. Le patron se pointa : « C'est drôle d'avoir envie d'un petit déjeuner. Vous êtes pas très salé ? - Non non, ça n’a rien à voir. - Ah ? Et ça a à voir avec quoi alors, sans vouloir être indiscret ? - Je peux vous dire pourquoi, mais vous allez trouver ça très bête. » Il haussa les épaules : « Dites toujours. - Je me suis séparée de mon copain il n’y a pas longtemps. On achetait toujours de la confiture de fraises, parce que c’était la seule qu’il aimait. J'aurais pu en acheter d'autres, pour moi, mais… Et moi, ma préférée c’est l’orange amère. Alors, je voulais me rappeler, voir si c’était si bon. C’est bête ce que je raconte… - Non… C’est étrange, mais ça m'a l'air sensé. » Sous son regard, elle se prépara une autre tartine qu’elle engouffra aussitôt. « Alors, c’est si bon ?» Tout en mâchant, elle lui fit signe que oui et vit alors son visage se creuser de deux belles fossettes. - - - Au bout d'un moment, le patron alluma la télé. Match de boxe. Il regardait ça tranquillement. A la violence qui se déchaînait sur le grand écran, il opposait son calme, sa pesanteur, sa constance à porter sa bière à ses lèvres sans quitter d'un poil l'écran des yeux. Elle regarda, prit plaisir à ce flot d’images qui lui reposait l’esprit, puis cela finit par la captiver : les images semblant se ralentir pour lui donner à voir la plastique des corps, l'arrondis des gestes. C’est au milieu de cette confusion des corps que cette idée émergea : elle voulait qu’on casse la gueule de son ex. Ce désir prenait place dans le gouffre qui emplissait son cœur depuis des jours et il avait la saveur du fantasme. Sa libido 7était en berne, elle ne s’exprimait qu’à travers ces visions : sa mâchoire à lui percutée par un poing, son corps plié en deux par un coup, le sang traversant en sillon son visage. Les images se brouillaient entre elles, s’imposaient à elles comme avant celles de sexe - bite dans sa bouche, bouche contre ses seins -, ou celles, plus tard de mort - flingue contre sa trempe, couteau sur ses veines. « Ça vous plaît ? La question du patron la tira de ses pensées. - Oui, je trouve ça plutôt beau en fait. - C’est vrai. - Je connais pas, mais ça donne envie … - Ah, je peux vous présenter ! Les jeunes hommes d’à côté, ils viennent du club de boxe» Voyant son hésitation, il rajouta : « Attention, ils sont très corrects ! » Après tout, qu’avait-elle de mieux à faire ? Elle finit sa tartine de confiture en une bouchée et dit « OK ». L’instant d’après, elle était attablée au milieu de trois gaillards. Au milieu d’eux, elle se faisait l’effet d’une gamine sirotant une grenadine. « Alors tu t’intéresses à la boxe ? » C’est le plus costaud des trois qui prit la parole le premier. «Oh, je découvre. Je trouve ça beau à regarder. - Ah ! C’est sûr, ça compte ! On croit que la boxe, c’est juste taper fort, mais il faut trouver le bon geste. - Enfin, quand tu te prends un pain, t’es pas trop dans l’art non plus. - Oui, faut savoir encaisser les coups, mais aussi être précis. Donc au final, c’est en faisant quelque de beau que tu gagnes». Était-elle enivrée par ce flot de parole ? Ou bien était-ce la bière qu’elle enquillait pour masquer sa gêne et qui n’avait rien d’une grenadine ? Toujours est-il que la question qui suivit étonna tout le monde, y compris elle-même : « Et ça vous arrive de casser la gueule à des gens, en dehors de la boxe ? - En dehors ?… Non. - Ça m’est arrivé avant, mais là, je me tiens à carreau. - Pourquoi tu demandes ça ? T’as envie qu’on s’occupe de quelqu’un ? » Les rires se succédèrent. Une déglutition, puis elle se lança : « Je voudrais qu’on casse la gueule de mon ex. » Le silence qui suivit ne fut perturbé que par le bruit qu’elle émit lorsqu’elle finit sa bière. Elle leva la tête vers eux. Trois gaillards la regardaient, hébétés. «Ben non. On fait pas ça. C’est le plus petit qui prit la parole le premier. - Mais tu nous prends pour qui là ? - Pour des gens gentils, répondit-elle, un peu gênée. - Mais on casse pas la gueule des gens comme ça, pour un oui, pour un non. Il t’a fait quoi au juste, ton ex ? - Rien. Il m’a trompé pendant 6 mois en me laissant payer le loyer. » Elle fit semblant de regarder, captivée, les traces laissées par la mousse de sa bière afin de cacher sa tristesse. « C’est vrai, c’est moche. - Mais c’est le passé tout ça, poursuivit l’autre. Maintenant, tu vas aller de l’avant, rencontrer d’autres gens… - Tu verras, ça passera tout ça... » Elle sentait une bouffée de désespoir remonter dans son cœur, elle allait se mettre à pleurer, là, tout de suite, alors elle se redressa et dit : « Tout ça je le ferai, un jour. Mais avant, je veux qu’on lui pète la gueule. Il m’a prise pour une conne pendant des mois. Il m’a laissé l’entretenir, faire le lit, me faire du souci pour lui alors qu’il couchait avec une autre. Je vais passer à autre chose. Ces mois de mensonge et de merde, je vais me les bouffer. Mais avant, je veux qu’il en chie aussi un peu. » Le silence revint. Elle se préparait à partir, à dire Désolée de vous avoir dérangés, merci beaucoup au revoir excusez moi quand le plus grand lui demanda : « Il fait combien de kilos ton gars ? » Elle leva la tête vers lui, un peu interloquée. - Dans les 80 kg… répondit-elle machinalement. - Il est du genre musclé ? - Non, pas tellement. Il est pas maigre, mais il est plutôt dans le genre… mou. - Il a déjà fait de la boxe, des sports de combat ? - Non. Du sport déjà, non. Alors, des sports de combat, non plus. Il se fait casser la gueule quand il s’embrouille avec des mecs en soirée, mais on peut pas vraiment appeler ça se battre », dit-elle avec un sourire. Il laissa passer un silence, comme pour soigner son effet. « Alors tu peux t’en occuper toute seule, de ton ex. - Hein ? - Attends, va falloir t’entraîner, et pas qu’un peu, et accepter aussi de prendre des coups, mais ça se fait. » Les deux autres ne s’attendaient pas à cette sortie, mais acquiescèrent en un murmure. Elle restait circonspecte. Elle ? Aller péter la gueule de son ex ? Elle avait passé deux ans à lui demander d’ouvrir les bocaux, restons sérieux. Mais le plus petit poursuivit : « T’as déjà fait de la danse en couple ? - Comment ça ? - Du rock, de la salsa... - Je faisais du folk, avant. - Ça, ça aide vachement, pour prévoir les coups, savoir se positionner… - Oui c’est vrai. » C’était le premier gars qui parlait à présent. « Y en a une qui a commencé cette année, elle fait du jazz, je crois. Elle se débrouille super bien. - Et t’as déjà fait des boulots physiques ?, reprit-il. - Je bosse au Super de la place St Anne, donc ça fait les bras. Puis j’ai fait les vendanges... - Les vendanges ? Alors c’est bon ! », fit l’un. Et un autre de renchérir : - Ah quand t’as fait les vendanges, t’as tout fait. - On l’a fait tous les trois un été, qu’est-ce qu’on en a chié ! - Oh oui ! - Heureusement qu’on bouffait bien… - Ah oui. Et qu’est-ce qu’on bouffait ! » lâcha l’un d’eux en un rire qui enrôla les deux autres. Lorsque le rire commença à retomber, le costaud reprit : « Et pour les vendanges, t’étais comment ? - J’étais dans le milieu. - Le milieu, c’est déjà bien, souligna-t-il. Alors, tu en dis quoi ? ». En l’absence de réponse, il rajouta : « De toute façon, c’est ça ou rien. » Rien, elle savait ce que c’était. Rien, c’était le gouffre dans lequel elle sombrait, mi-larve, mi-humaine. Pour autant, elle hésitait encore : « Mais je fais dans les 60 kg, répondit-elle. Et encore, là dedans, y a beaucoup de graisse. - T’inquiète, la graisse, on s’en occupe. » Elle le regarda avec amusement : effectivement, en le voyant, on savait que pour la graisse, on pouvait lui faire confiance. Quelque chose se passa entre eux quatre, comme si chacun venait de soulager son cœur. Elle hocha la tête : « Alors c’est OK ? - C’est OK. - Demain, c’est à 20H, reprit un autre. - OK. » Elle regarda ces trois gars avec cette tendresse : c’était comme un bloc de muscles gigantesque qui fondait sur elle. - 3 - « Alors, tu tapes comment toi ? » Le tout baraqué de la veille lui demandait cela alors qu’ils se retrouvaient dans ce gymnase froid qui sentait le caoutchouc et la sueur. « Je tape comme une fille..., répondit-elle en haussant les épaules. - Et ça veut dire quoi ça ? répondit-il avec un peu d’agacement. Bon, tu as le sac, là. C’est très simple, tu tapes. » Elle commença. Ses gestes étaient saccadés, elle semblait toujours toucher le sac par accident, comme à deux doigts de rater la cible. Tout était brusque, gauche, et plus elle tâchait d’être précise, plus elle rajoutait en maladresse. Au bout d’un moment, le gars l’arrêta. « OK. Comment tu te sens ? - Pas très à l’aise. - OK. Cette fois, tu vas bien prendre appui sur tes jambes, comme ça », et il se balança à droite à gauche, comme s’il esquissait un pas de danse. Elle suivit ses gestes, avec hésitation d’abord, puis de plus en plus d’aplomb. « Oui, voilà. Relâche les bras aussi », et il agita les bras comme une poupée de baudruche qu’elle imita aussitôt. « Allez, on reprend. T’as pas besoin de taper très fort. Juste tu tapes, tu penses pas à tes bras, tu te concentres sur tes jambes,» Elle refit le même geste et peu à peu, quelque chose se modifia. Elle avait oublié le geste qu’elle voulait exécuter et ne percevait plus que celui qui se déployait à présent. Un coup, puis un autre, et encore un autre, une régularité s’imprimait en elle, comme si son propre souffle la guidait. « Et là, c’était comment ? Cette question suspendit son geste. - C’est mieux, je crois. - Oui, je crois aussi, répondit-il. On continue alors, un peu plus fort, c’est tout. » Elle poursuivit le geste initié, écoutait le bruit sourd qui retentissait à chaque coup, s’attachait à le rendre plus puissant, elle-même plus puissante, ses bras plus amples, son souffle plus large. Un coup, puis un autre, puis celui qu’elle portait à présent, et le plaisir qu’elle en retirait. « Et là ? - Ça va là. Je suis bien. - OK. Du coup tu vas t’entraîner avec Guillaume. » Dans le fond de la salle, un autre gars de la veille l’accueillit d’un sourire. Les jours suivants, tout son corps devint une surface de souffrance. Ses cuisses redoutaient les marches à monter, et encore plus celles à descendre. Elle se réveillait le matin avec cette sensation d’être la petite sirène avec ses jambes plaintives. Et puis il y avait le haut du corps. Concrètement, elle n’avait plus de bras. A la place, elle avait cette chose, dure comme du béton et dont elle ne savait que faire. Elle avait mal quand elle se séchait les cheveux, mal quand elle tenait son téléphone, mal aussi lorsqu’elle restait les bras ballants, mal, même lorsqu’elle n’y pensait pas. Elle aurait voulu quelqu’un pour les lui porter, et puis un autre pour porter toute sa peine. Elle y retourna pourtant, comme un bon petit soldat. Peu à peu, elle apprécia ces changements. Elle se sentait mieux dans ce corps souffreteux que dans celui, morne, des semaines précédentes. Le soir, elle se regardait dans le miroir de la salle de bain, s’amusait à voir ses muscles se contracter. Elle observait, touchait ses bras avec étrangeté, comme s’il s’agissait d’une peau de serpent, ou mieux : une peau de serpent en train de muer. Parfois, quand elle était seule, elle ouvrait sa serviette et découvrait tout le reste du corps : ses abdo qui se dessinaient, ses fesses rebondies, le trait saillant des muscles des jambes... Elle ne refermait la serviette que le sourire aux lèvres : « Bonasse ! » se disait- elle. - - - Croyait-elle réellement à cette idée d’aller casser la gueule de son ex ? Oui et non. Comme elle tapait, elle avançait dans cette vie : sans se poser de question. Elle restait à l’Auberge, le temps de donner des contours à sa propre existence et s’arrangea avec le gérant pour, dans la mesure du possible, être seule dans une chambre. Elle allait à la boxe un soir sur deux et profitait du dimanche pour son intendance. Un appel qui commença par un grand « Hé ! » la sortit de cette routine. C’était une amie qu’elle avait connu à Lyon et qui avait bougé à Londres quelques années auparavant. Depuis, elles ne se voyaient que rarement, le temps d’un café. Peu à peu, une gêne s’était installée : elle écoutait son amie avec le sentiment de ne pouvoir donner le change. A ses récits, elle n’opposait rien d’autre qu’une vie tranquille qui se poursuivait, comme si son espace à elle s’était rétréci. Certainement était-ce pour cela qu’elle se réjouit, bizarrement, de lui dire qu’elle s’était fait larguer et de lui faire part du bordel qu’était devenue son existence. Elle lui narrait ses aventures lorsque son amie lui demanda tout de go : « J’y pense, tu fais quoi le week-end prochain ? - Rien. Je bosse le samedi. - Et tu pourrais te libérer ? - Oui, j’ai une récup’ à poser, ça devrait aller. - Ça te dirait de venir à Besançon ? La question lui parut saugrenue. - A Besançon ? Pour quoi faire ? - Je t’explique. En ce moment je suis à Lyon, mais je vais voir une amie là-bas. Ça sera pratique pour toutes les deux. Ma pote est au Foyer des Jeunes Travailleurs, j’ai pris une chambre, on pourra partager. - Euh… - Allez, viens, tu verras, je suis sûre que ça va être top ! » Pour étrange que ce projet lui parut, elle se laissa tenter et son D’accord fut suivi d’un petit Oui gracieux qui vint conclure la conversation. Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas sortie en ville. Elle ne se rappelait pas que c’était si bien, comme si elle avait été confinée un temps et avait fini par s’en passer et oublier, à la longue, l’intensité de ces moments : 14discuter à bâtons rompus, vaguement enivrée, croiser d’autres regards, goûter le temps qui s’étire à n’en plus finir. Elle regarda ce bar à la lumière orangée dont des sourires émergeaient, puis tapa la causette en attendant devant les chiottes, les chiottes elle-même bruissant de toute cette vie. Cette soirée était un plongeon dont elle ne sortait que pour y retourner. Elle se sentit à sa place ici. Ici, elle pouvait enfin rendre les armes, arrêter de lutter, de se battre pour simplement exister. « Gouverner est juste disposition des choses ». Cette phrase, apprise en faculté, lui revint en mémoire. Et si se gouverner, c’était de venir habiter ici ? Quelque chose se passa, comme un alignement de l’espace. Cette sensation ne la quitta pas lorsque le lendemain elle longea les bords du Doubs. « Ce pourrait être ça, ma vie. », se dit-elle simplement. A partir de là, tout s’enchaîna. Le temps qu’elle ne passait pas à la boxe, elle était sur l’ordinateur de l’Auberge de Jeunesse à écumer les offres d’emploi à Besançon. Elle s’étonnait de trouver cette énergie, elle qui auparavant, ne s’astreignait que péniblement à un cour de yoga hebdomadaire ; on aurait dit que sa force s’était décuplée. Au bout de deux semaines, elle eut plusieurs entretiens et au bout de trois, elle avait du boulot pour le mois suivant. Pour le logement, elle irait au Foyer des jeunes travailleurs, il y avait des cours de boxe pas très loin. Voilà. Elle allait partir. Arrivée presque au bout de l’histoire, elle ne savait quelle en devait être la fin. Partir directement, ou passer par la case violence ? Maintenant que cette idée un peu vaseuse devenait concrète, elle eut un mouvement de recul. Non, bien sûr qu’elle n’allait pas le faire. Elle croyait quoi ? Soyons sérieux… Et bien si. Elle avait beau faire rouler dans sa tête tous les arguments contre, la violence, c’est pas bien, les coups sont l’arme des faibles, une force irrésistible l’y poussait. Était-ce ce flot d’énergie, cette solidité qui avaient pris place en elle et devaient trouvait un exutoire ? Peu importe, elle poursuivait le sillon de son propre désir. - - - Lorsqu’il ouvra la porte de l’appart, elle eut le souffle coupé, comme si elle rentrait dans une eau glacée. Sa nouvelle copine était absente, à sa demande. Il lui dit qu’il avait mis ses affaires dans des sacs IKEA, pour faire de la place, puis pour combler un silence gênant, il lui proposa un café. Ils bavardèrent vaguement et à chaque instant, elle se disait qu’elle pouvait y aller, là, maintenant, et puis non, son geste restait figé. C’est lui qui bougea le premier. Il s’avança vers elle pour se resservir du café « J’ai la tête dans l’cul aujourd’hui, t’imagines même pas... ». C’était furtif mais elle eut le temps de sentir son odeur, et sous le coup du dégoût, elle lui assena un coup de genou dans l’entre-jambe. Il se retrouva plié en deux, émit un râle de douleur et la regarda, stupéfait. Puis il se jeta sur elle. Elle esquiva un coup au visage, mais pas celui au ventre qui lui scia les poumons. Elle laissa passer une inspiration, puis à suivante, se redressa et sans lui laisser le temps de rien, lui envoya un pain en pleine poire. C’était un déchaînement de violence, mais la force ne s’échappait pas d’elle. A chaque coup, elle s’ancrait en elle, dans son corps, dans ses jambes, faibles tout d’abord, comme au-dessus du sol, puis solides à présent : la confiance se fit en tapant. Rien de ce qu’elle faisait n’était moral mais elle s’en foutait. Elle en avait sa claque s’être morale, et gentille, et comme il faut. Elle quittait ces oripeaux de bienséance de bonne petite fille, mais ne se perdait pour autant. Au contraire, elle se rapprochait d’elle-même. Il était assis à présent et meublait sa défaite de sonores « Putain ! ». Elle allait partir mais quelque chose la retint : elle devait encore récupérer ses affaires. Et s’il venait à ce moment, par surprise… Elle se pencha alors sur lui, lui tint les cheveux et fit percuter son front contre la table. Le coup de grâce. Elle vit alors le sang couler tout le long de sa joue. Elle alla dans la chambre et, habile, se fraya un chemin entre les T-Shirts sales et les cendriers pleins puis, quitta l’appart, toute parée de ses sacs IKEA. Épilogue « Il a eu 7 jours d’interruption temporaire de travail , reprend le policier en suivant le procès-verbal, auxquels s’ajoutent des dégâts matériels dont une chaîne Hi-Fi cassée… - Mais elle était déjà cassé, sa chaîne Hi Fi ! » Le policier est partagé entre l’agacement et la curiosité. « Comment ça ? - Elle était déjà cassée quand on s’est séparés… Ah c’est pour ça qu’il porte plainte ! Il veut les sous de l’assurance !» Le policier laisse passer un temps. « Donc selon vous, votre ex se serait fait taper dessus pour une chaîne Hi Fi ? - Non, il a dû s’embrouiller avec un gars et a pensé ensuite à sa chaîne. » Le policier ne sait pas quoi répondre. « Vous avez des preuves que la chaîne était cassée avant le 18 décembre, quelqu'un d’autre pourrait le confirmer ? - Euh...non » Elle avait repris la main, mais tout sembla lui échapper à nouveau, lorsqu’un détail lui revint. « Si ! Il m’avait envoyé un mail, avec un lien, où il me demandait de lui en racheter une. » Devant l’étonnent du policier, elle poursuit : « Je l’avais gardé, ce mail, pour me rappeler que… c’était pas plus mal qu’il m’ait larguée. » Plongé dans sa réflexion, le policier tapote l’indexe sur la table marron et moche. « Il me faudra la capture d’écran du mail. Vous savez faire ? - Oui oui. - Je vous donnerai l’adresse du service. » Puis, après une petite moue d’hésitation, il conclut : « On va dresser le procès verbal, mais au vu des éléments et s’ils venaient à être confirmés » et il insiste bien sur ces derniers mots « ça ne va pas aller beaucoup plus loin.». Elle repart enfin. Elle a laissé le passé derrière elle, s’est détachée de cette mélasse, pied après pied, et a abandonné en chemin les restes de boue qui restaient accrochés à ses grolles. Ses pas reprennent le chemin foulé quelques mois auparavant, ses semelles s’usent sur le même bitume. Seule une brise légère semble distinguer ces deux moments. Elle est là. Le vent s’engouffre dans son manteau. Pour la première fois de l’année, on sent le printemps venir. Il fait encore frais pourtant, il n’y a aucune feuille aux branches, aucune jonquilles n’a encore sorti le bout de son pif mais tout est là. L’espoir, chevillé aux guibolles, la porte à présent, comme un groove intérieur et puissant. Promenons-nous dans les boisPromenons-nous dans les bois, les branches des arbres s’accrochant à nos corps, mais nos corps toujours exultant. Le Loup est toujours là, il est cette bête, prête à surgir. Promenons-nous dans les bois, nous brûlant de cette bête. Ma peau se salira dans la terre, s’écorchera sur les branches, toutes choses ne répondant qu’au manque de toi. Promenons-nous dans les bois et promène ta bouche sur moi. Moi je me baladerai tout le long de ton cou, tout le long de corps du premier au dernier grain de beauté. Je suis ta bête, tu es la mienne. Je te mangerais. Presque personne, presque nulle partPresque personne, presque nulle part [Ensemble de treize courts textes] Écrits entre 2008 et 2022 Où suis-je ?... Il y a quelqu’un ?... Presque personne, presque nulle part. Cette fois-ci, il n’y a que moi. Le silence est le son de soi-même. Me dis-je alors sans toi pour me contredire. ₪ Peut-être que seul un train fantôme peut entrer en gare défunte et désaffectée. ₪ Ne l’oublions pas Les étoiles cesseront un jour de briller. Un soir il n’y aura plus de ciel. La terre face à l’immensité n’est rien qu’un petit point, un tout petit point, un pixel . ₪ La matière noire de l’Univers. C’est là où l’imaginaire se crée à partir des mystères restés anonymes. ₪ Ici et maintenant, il ne reste plus que nous deux pour écouter ce vent si léger. ₪ Loin d’ici, sur une planète volcanique, l’océan de magma aurait formé un mot s’il avait été lu par l’espace profond. ₪ … toi et moi dans un monde concentrique lui-même perpendiculaire aux univers parallèles de la énième dimension, ça donne quoi ? … ₪ Des couloirs se répétant à l’infini – des dédales s’additionnant – de nouveaux labyrinthes se créant – et dans tout ça, comment te sens-tu toi, l’instant qui passe ? ₪ Heureuse et triste, la fin de l’histoire aura eu lieu sur un quai de gare. ₪ Elle cherche sa salle de classe. Au-dehors, le silence s’éternise dans la cour de récré. Elle repasse dans ce couloir. Elle cherche sa salle de classe depuis si longtemps déjà. Elle évite les escaliers qui partent en spirale. Elle compte les cartables. Elle échappe de peu aux fantômes et aux entités d’origine inconnue qui hantent les lieux. Elle se demande ce qu’il est advenu du reste du monde. ₪ À des années-lumière de là, une étoile à neutrons ignore toujours ce que sont le néant et le vide. ₪ … -Il y a quelqu’un ? -Presque personne. -Où sommes-nous ? -Presque nulle part. À nous de jouer maintenant. ₪ Nos deux chemins se retrouvent et tandis que le Temps s’efface – et tandis que l’Espace en fait autant – nous devenons la seule matière existante avant le nouveau cosmos. ₪ . L'automne emménageL'automne emménage de toutes parts – je m'effeuille pour lui dire : Tu es ici chez toi Les arbres te prennent dans leurs branches – nous te prenons dans nos bras . Sept fois septembreCette fois septembre s’écrit dans un étrange univers où s’invitent le temps et l’espace de quelques émotions si vives qu’elles deviendront des mots. Cette fois septembre se couvre et s’embrume de pensées de profondeurs de blanche grisaille le long des terres trempées. Cette fois septembre s’attarde dans le tipi de l’été indien et y invite tout le soleil possible. Cette fois septembre est en larmes et fait tomber sur la ville tant de souvenirs de deuils et d’adieux sous la forme d’inlassables pluies. Cette fois septembre s’illumine et prend la main du brouillard dans lequel nous marchons pas à pas sur octobre, sur un chemin perdu de l’effacement de toute chose. Cette fois septembre nous rappelle de fleurir la tombe des futures feuilles mortes avec la lumière de quelques mots. Cette fois septembre nous propose un début de manuscrit, celui d’un nouvel automne où tous les arbres seront dévêtus de leurs poèmes. Feuilles partagées (avec Noirs'Arômes et Lilian). Ces arbres aux branches mêlées, Ils ont poussé ensemble. Regarde-les grandir, Soleil, Et raconte leur histoire végétale À l’un qui n’a pas compris les branches, À l’autre qui ne connaît rien des arbres. Coécrit avec Noirs’Arômes Quand deux existences se croisent, Quand deux branches se rencontrent, Quand deux âmes ne font qu’une, Quand deux civilisations s’interpellent, C’est le monde qui se constitue. Coécrit avec Lilian . Les énergiesLes flux défilent Fuient sous la menace Facile des mes espaces Les ondes de la fibre La lumière du feu Le flot des rivières Le fil du temps Infirme que je suis A capter la moindre force De toute source Je sens les énergies de mes anciens moi Déchirer l'air qui m'entoure Des ongles qui grattent des murs de pierres Des insultes en toute entreprise Comment j'avance Tout est abstrait Et toi Je ne sais même pas qui tu es Tu es peut-être un piège Un mirage Ma liberté Nous sommes-nous déjà rencontrés ? Je sens des vagues de chaleur Il y aura peut-être Un vent Qui tournera pour moi Je ne sais pas pourquoi je le dis Je ne le sentirai même pas Entre silence et nuitentre silence et nuit l’oubli posera ses accords sur les rêves les terres de brume déchirant le voile du ciel répudieront les consciences les hommes perdus dans des remords impossibles ne seront plus la terre renaîtra les derniers mots par les soleils irisés caressent les feuilles fanées des bambous s’envolent vers les oiseaux ils chanteront la vie à venir S'accorderUn décor de rêve Sur des arythmies étranges Des corps qui se perdent Des impressions inégales Tenter quelques certitudes Viesil est ma seconde vie exilés les chemins de traverse aux noires épines il est voyage il est rire il est rempart forgé de tendresse où s’ensablentles scories des sans amours le temps l’a grignoté meurtri son esprit ses mots inventent le calendrier effacent les souvenirs délaissé par la vie sa boussole s’étiole les fleurs sombres distillent leurs effluves incrustant sur ma chair les paroles effrayantes je ne veux pas de troisième vie Déliquescenceombre informe sur le mur feuillage brouillé par le temps des oiseaux gris déchirent les nuages les pensées informes envahissant chaque instant l'insaisissable effrite les continents Les idées clairesJ'ai les idées claires Noires Limpides dans leur existence de pétrole brut J'ai mes certitudes Rien n'a l'air plus vrai que l'orage Ou qu'une atmosphère étouffante Et c'est simple De la plus pure essence Cette terrifiante évidence Ronge mes poumons de braises Et à travers les marées goudronnées M'envoie des reflets de joyaux perdus Le monde m'arrache à la contemplation Me gifle de ressentiments M'ouvre les veines pour me remplir de vide Me gonfler comme un ballon pour aller jouer Qui pourrait tout aussi bien éclater dans l'oubli Enlisé sous les troubles des manières de vivre Ou juste à supporter le poids du bonheur des autres Je vois parfaitement Paralysé dans cette masse indescriptible Baignée d'une lumière porteuse de toutes les ombres de la Terre La Vérité me parle Je lui dis oui, peut-être Je ne sais pas La réponse est si facile Je n'ai jamais eu aussi peur Cernéeles chardons s’épanouissent me possèdent coquelicots et bleuets veinent ma peau infiltrant les peines qu’il me faut affronter cernée je suis cernée mes pensées se traînent alourdies la grisaille avalant les nuages étend ses rhizomes il ravine dans mon cœur En ces êtresJ'ai pris le chemin de l'amour en ces êtres j'ai dansé avec eux multiplié les maquis et les eaux le visage délivré à l'écume les bras dans la forêt Prends ma mainL'enfant accoste le faiseur d'incroyable le joint à ses rives et à ses houles l'emmène sur ses terres dans la joie d'une découverte L’invisible(Dix poèmes courts) Ma pensée pour toi Ma présence parmi vous Mon témoignage Pour les arbres et la pierre * Ma chair Dépouille mon âme Mon âme Dépouille ma chair * Je les rejoins à l’intérieur De la bulle du lieu Sans les déranger Car je sais que leur harmonie Est un trésor * La réalité change Les pixellisations se succèdent Et moi Je deviens air * Enfant pleine de grâce Tu as vaincu ces cauchemars de carrousels Amadoué ces duvets de dodos Embrassé ce brasseur de brises * Quand je ne suis que brisure et fil rompu Tu es là pour me changer en acier En cette heure je suis onde Pour sauver toutes tes dimensions * Le cerveau à l’envers, cher paragraphe Fais comme bon te semble Crée la rive Installe ton cours d’eau * Je viens à toi Pour t’aider à remporter la victoire Je suis à vous Pour m’aider à panser mes plaies * Faites comme si Je n’étais pas là, compagnons Considérez-moi comme l’invisible Qui peut orienter vos pas * Infini questionnement Songe d’éternité Chemin et danse solaire Rubis de l’existence Les mots étaient éclats(Dix-neuf poèmes courts) L’inconnu se laissait jaillir La réalité avançait lentement * Une angoisse nous prenait Mais sur le front du nuage se lisait la sérénité * Plage faite d’ombres Vagues de genèses Excursions de lointaines nuits * Elle, mon âme sœur Elle ressemblait parfois à une spatiale comète * La lune enthousiasmée ranima une fusée éteinte Une certaine providence d’un certain laps de temps * L'automnale éclaircissait sa douleur Il revenait du soleil * Le coup de vent gelait les bras de la ville Un habitant lui lança un défi * Le composé permutait L'invariable déclinait Nous rêvions jusqu’à plus soif * Un poète accostait une faiseuse d’éclats et renouvelait chaque dimension avec ses mots * Il y avait encore un reste de cet orage dispersé sur les distances sur l’une des faces de ton grand rectangle * Joie, colère et peine dans l’obscur étaient tant à vif dans nos corps * La mer y perdit une dent le rivage y perdit toute patience * Dans les buissons s’échappèrent les oiseaux nocturnes repeints par les regards * Le rocher attendit un siècle l’eau revint sur son torse * Où étais-tu conteur de belles chandelles à ce recoin du temps à quel endroit qui t’enflammait ? * Bref moment dilapidé par l’ignorance au moins le savoir était indemne * Timide diamant de l’être qui se posait la question de la brillance * La montagne se faisait désirer la forêt devenait récompense * De la terre renaissait le jour et la nuit faisait pousser des rayons de lune à nos chants Des allées et venues(Quatre poèmes courts) Dans le calcul de l'été s’énumèrent les confidences Je numérise jusqu'à l’os les vers que tu as redémarrés pour moi * Tu dis : Le nouveau temps fut architecte de jours nouveaux Je rajoute un cercle pour l’observation * Courrier de la légende nous parvenant aux fenêtres des nuits lu par l’aube brodée par quelques psaumes de vase * Un miroir l’envisage Et la change en eau ruisselante c’est elle qui l’a voulu elle, l’ondine de ma rue Petites éclipsesLe petit garçon puni dans la cour attend dans le petit bateau de la réprimande La petite fille moquée par les autres craint de s’aventurer sur la marelle Le vieux monsieur abandonné par ses fils se lamente dans un jardin de remordsLa vieille dame folle sur la place publique crie au ciel et harangue l’air du temps Ce soir, à nouveau, il se fera entendreÉtés 2011-2012-2013 -2014 -2015-2016 -2017-2018-2019 -2021-2022 Ce soir, à nouveau, il se fera entendre Envol des mots même qu'on dirait la lune envol de lune même qu'on dirait l'oiseau Poème au vent même qu’on dirait sa plume à ciel ouvrant même qu’on dirait grand chapiteau Et quand dit la lagune ?... Et quand disait le château d’eau ?... Qui donc a entendu le joueur de flûteau ?... Qui donc a entendu le joueur de flûteau ?... Miroir pleurant même qu’on dira la brume costume de mort-vivant même qu’on dirait vilain pas beau Ô vous maisons des milles dunes et cent ruisseaux ô vous maisons des feuilles, ô vous maisons des arbrisseaux Vous qui avez dit-on abrité l’imaginaire qui allume son chalumeau Vous voilà rassemblées en constellation même qu’on dirait un hameau Abritez-vous encore le joueur de flûteau ?... Abritez-vous encore le joueur de flûteau ?... Poème au vent même qu’on dirait sa plume à ciel ouvrant même qu’on dirait grand chapiteau Ce soir j’écris face à la Lune ce soir j’écris au grand tableau Un message adressé au joueur de flûteau... Un message adressé au joueur de flûteau... Tom Astral . Ni remords ni regretsj'ai aimé des hommes ils m’ont désirée la croisée des chemins s'estompe dans l'oubli les caresses fantômes jouent les harmoniques du passé sur ma peau esseulée s'écoule le chant de la vie Toutes directions stellaires.... Toutes directions stellaires... Je me sentais hier Comme dans un monde à l’envers Oui j’ai été, pour être sincère Apeuré par les vents contraires Avant de dépasser l’atmosphère Toutes directions stellaires… Toutes directions stellaires… Le monde n’a pas été prévenu Que nos imaginations Sont libres et sont lumière Cette fois l’heure est venue Une poésie est en marche Libre comme l’air... Libre comme l’air... Libre comme lumière... Toutes directions stellaires… Toutes directions stellaires… Je me présente : Tom Astral, en sac à dos Et au coin du feu Je plante ici ma tente Et j’ouvre le hublot Des regards curieux Ce soir direction l’Univers Il parait que son expansion accélère C’est peut-être le désir de bien faire Toutes directions stellaires… Toutes directions stellaires… Il est déjà minuit passé Minuit passé et des poussières Le rêve endommagé A été réparé, opéré à cœur ouvert Ce soir pendant la veillée Destination l’Univers Ce soir pendant la veillée On passe un si bon moment sur Terre... Toutes directions stellaires… Toutes directions stellaires… Tom Astral Livres à paraître aux Éditions du Tendre-CosmosLivres à paraître aux Éditions du Tendre-Cosmos : La Lune est-elle un croissant au beurre ? La bataille qui dura 777 ans Quelques rêves au pays du rien... La papillote pas rigolote Parcours scolaire d'un enfant-robot Wagons vagabonds sur des vagues Des vagues dans des wagons vagabonds Terminus du Temps Big Bang nous revoilà La grande explication Il reste tant d’étoiles à lire . Au bonheur des pages. Livres à lire absolument ! La nuit est un livre ouvert. Les étoiles sont un livre en plein ciel. Chaque mystère de la Terre est un livre à creuser. Chaque merveille de l’Univers est un livre pour nous éclairer. L’imaginaire est un livre sans fin. . Les grandes parenthèsesIl y a un jour Je te réponds en poésie Il y a un jour Mes mains prennent les tiennes Il y a un jour Et toi filant Par un pan de la nuit… Il y a la nuit Et toi filant Il y a un jour Il y a un an Il y a un soir Il y a cent ans Aux alentours Autour de nous filant Passe le vent Il passe toujours Dans les cheveux des insouciants… Il y a un jour On se dérobe au fil du temps Il y a un jour Souriant, il y a Aux alentours… Il y a un jour Je te réponds en poésie Il y a un jour On se sent bien ensemble Il y a un soir D’étoiles sur l’océan Il y a l’envie Autour de ça filant Par un vent de la vie Il y a la vie Et nous deux filant Par un pan de la nuit Alors S’il y a un jour Et un instant Un jour à prendre Comme en vélo Comme un humain dans l’air… Il y a la vie Et nous deux filant Par un pan de la vie Il y a la nuit Celle de tous les temps Il y a la vie Autour de nous filant Il y a un jour, Il y a un soir, Depuis longtemps, Et nous retraversant Ce simple pan De la nuit… Terre exposant Lune. Terre exposant Lune ♪ La vie nous appartient L’envie nous prend soudain ♪ Terre exposant Lune ♪ Le vent éclaire le chemin Le vent nous le rend bien ♪ Terre exposant Lune ♪ La vie le vent s’en revient Et nous prend par la main ♪ Terre exposant Lune Lumière exposant brune Terre exposant Lune Terre... exposant... Lune... ... Lune... Lune... Lune... ... Lune... Lune... ... Lune... . Proses vibratoiresProses vibratoires [Ensemble de quinze textes courts] Il y a longtemps, j’ai écrit sur une page blanche : « Je suis une vibration... », en réponse au monde d’alors qui voulait faire les présentations. Ce soir encore, je me fais modulation du son et de la voix d’un univers qui me dépasse. ⁓ ≈ ⁓ Arabesques du temps et de l’espace : elles ressemblent aux serpents qui se serrent la pince au lieu de se mordre la queue. ⁓ ≈ ⁓ Cette nuit, la forêt a repoussé sur un tarmac. Aucun avion n’a pu décoller, à part les avions de papier. Aucun passager n’a quitté sa planche, à part en se tenant aux branches. ⁓ ≈ ⁓ Ton cœur et ton poème sont inséparables. Ils partagent la même respiration. ⁓ ≈ ⁓ Soudain mon corps oscille entre deux vents au bout du troisième chemin. ⁓ ≈ ⁓ La nature nous écoute en se chantant elle-même. ⁓ ≈ ⁓ Ce que dit la poussière à l’Enfant-étoile : Toi aussi, tu as remis un pied devant l’autre. Toi également, tu as rêvé sur l’eau. Toi tout autant, tu as mangé la Terre et son noyau. ⁓ ≈ ⁓ Chante le coucou sur la pendule du temps. Ami poème, le temps d’un mot, retiens ton souffle. ⁓ ≈ ⁓ Fontaine j’ai bu de ton eau, à ton tour de me boire. ⁓ ≈ ⁓ Les cerfs-volants sont des vertiges à portée de nos doigts. ⁓ ≈ ⁓ Une étreinte qui fit le temps. Une incontenable joie qui fit le big bang. ⁓ ≈ ⁓ De poussière d’étoiles à poussière d’étoiles : Nos cœurs sont en voyage. Nos cœurs sont en voyage et font de nous des êtres humains. ⁓ ≈ ⁓ Sur le terrain de cette nuit, qui es-tu toi poésie qui porte sur la balance cette lune à bout de bras ? ⁓ ≈ ⁓ Dans cette zone appelée Imagination ce n’est plus la terre qui tremble non, désormais c’est le mot qui vibre. ⁓ ≈ ⁓ En discutant avec un vent du soir, celui-ci me parle du Feu. Je lui dis que le Feu ressemble à un miracle. La Vie bien plus encore, me réplique-t-il, avant d’ajouter : Et je ne parle pas du fait que tu m’imagines parler avec toi. .
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