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Pages de terres gelées

Pages de terres gelées

[10 poèmes courts]



Pages de terres gelées –
Une ombre marche sur l’étendue –
Depuis combien de temps cette ombre est-elle la nôtre ?
Pour quelle distance encore et encore ?



La montagne s‘est attristée de sa perte de glace –
Ce soir la neige lui jure à nouveau fidélité.



La chaleur est gîte – la moindre couverture
est compagne chérie et bénie des mots.



La lune au-dessus de cette route
n’a pas glissé sur le verglas.
Le temps n’a pas dérapé sur lui-même –
le grand cerf n’a délivré aucun message.



L’éternité
hiberne dans l’éternité.
Le reste du temps
se réchauffe les doigts.



Le chant s’élève dans l’église,
enjambe les cierges et se glisse au-dehors.
Le voilà parti sur les traces
de son frère le vent d’hiver.



La neige et la glace sont deux sœurs –
filles du grand froid, féérie pour la roche.



Non jamais je n’oublierai
cette chandelle dans la nuit
dans l’hiver de la plaine.



Si je croyais en un dieu, peut-être
voudrais-je entrevoir son visage
sur les plus hauts pics
ou sur les pays les plus plats.



Il a neigé cette nuit.
Le support est à nouveau vierge.
Ce matin les mots sur la page blanche
vont pouvoir faire de la luge.



                                                           Tom Astral



.

Ode à l'engloutissement

L’engloutissement est ce mouvement qui nous happe vers les profondeurs.
Il est un désir jamais assouvi,
car le temps d’y parvenir, trop tard,
il n’est plus rien à vivre.

Je voudrais me noyer.
Rejoindre cet espace sans pesanteur où aucun angle ne me retient.
Mon corps s’étire dans un geste d’abandon.
Aucune goutte ne fait déborder aucun vase, puisque c’est à l’océan tout entier que j’appartiens.
Tomber, tomber encore,
sombrer enfin.

Alors je plonge dans mes souvenirs,
je glane ces instants qui ont la force du présent.
S’y agglutinent les choses passées et enterrées,
à présent rescapées.
Un glouglou gracieux m’accompagne, ainsi qu’une musique festive au son étouffé.
Un églantier éclate dans mon cœur et ta langue parcourt ma peau,
tout comme l’eau.

Une extase.
Des fleurs phosphorescentes m’accueillent à présent.

Compter les coups

Elle a la gueule de la fille qui ne voudrait pas être là. Elle a un joli visage,
des cheveux pas trop mal coiffés, mais surtout, elle a une gueule à ne pas vouloir
être là, dans un commissariat de police.
« On vous a fait venir parce que votre ex s'est retrouvé à l’hôpital suite à
des coups et blessures survenus le 18 décembre… Enfin, je vous lis le rapport de
police… »

Elle baisse un peu la tête, regarde la table qui est marron et moche, mais
alors, vraiment tout ce qu'il y a de plus marron et tout ce qu'il y a de plus moche.
Elle évite de se tripatouiller les mains et ne les met pas non plus sous ses cuisses
comme elle le fait parfois : elle se dit qu'avoir les mains apparentes fait partie des
bonnes manières à avoir dans un commissariat.
«Vous vous êtes séparés en octobre, c’est bien ça ?
- Oui, c’est ça. »
Elle ne parle pas assez fort, un murmure sort tout juste de son petit
gosier de petite femme.
« Pardon ? demande le policier, un peu sèchement.
- Oui, oui c’est bien ça, reprend-elle, un peu plus fort. »

Le policier s'installe confortablement dans son siège. Il marque une
pause et annonce : « Une plainte a été déposée contre vous pour coups et
blessures. Vous risquez 10 000 euros d’amendes et 2 ans d’emprisonnement »
Lorsqu’il prononce cette phrase, le policier la regarde bien droit dans les
yeux. Il parle sans bouger les sourcils ni aucune autre partie de son visage. C'est
comme si les muscles de sa bouche s'étaient soudainement désolidarisées du
reste. Elle se dit que c'est un truc qu'ils doivent apprendre en école de police. Elle
imagine un gars qui débarque dans une salle de cours bourrée d'élèves policiers :
« Salut les gars ! Alors aujourd'hui, on va apprendre à parler en regardant bien
dans les yeux sans bouger les sourcils ! Hein, les gars, vous me suivez ? Bon, c'est
un truc un peu compliqué à faire, mais c'est un truc que quand même, ça peut
être vachement utile dans les interrogatoires, surtout pour impressionner les
jeunes filles qui n’ont rien demandé à personne.» Si elle n'était pas là, dans ce
commissariat, à risquer 10 000 euros d’amendes et 2 ans d’emprisonnement, ça
la ferait rire de penser à ça, mais là, non. Il y a tout juste une ébauche de sourire
qui se dessine et que personne ne remarque.

« Une plainte ? Contre moi ? reprend-elle.
- Oui, sinon, on ne vous aurait pas convoquée », répond le policier avec
agacement. Elle laisse passer un instant, regarde à nouveau la table marron
moche puis relève la tête.
« Mais franchement, est-ce que j'ai l’air d’une fille qui va casser la gueule de son
ex?»
Et disant cela, elle ne bouge pas un seul poil de sourcil.

1 -
Tout commença il y a quelques mois. En deux semaines, à peu près tout
ce qui constituait son existence se cassa la gueule, point par point. Au final, elle
n'opposa rien à cette force brutale qui semblait s'abattre sur elle, soit qu'elle
n'ait rien tenté pour la contrer, soit qu'elle ait tapé dans le vide.

Le premier choc fut son copain qui lui annonça que c'était fini, qu'il avait
rencontré quelqu'un il y a 2-3 semaines donc voilà. Sur le coup, elle se dit que
tout cela allait un peu vite. La facilité qu'il avait à la quitter la déconcertait : cette
rupture passait pour une banalité et il n'avait même pas réussi à cacher son
impatience à la voir pleurer, concluant ces deux années avec elle par un : C'est
bon, ça va.

« Tu l’as connue comment ? », lui demanda-t-elle un peu plus tard.
- A une soirée chez Fran » répondit-il machinalement. Sur le moment, elle ne
réagit pas, mais juste après, elle tiqua : « Mais Fran, il a plus d’appart depuis 6
mois. ». Elle sentit le trouble sur son visage, lui tenta de se rattraper :
« Ah… Je sais plus, ça devait être chez Dam...
- C’était il y a trois semaines et tu sais plus ?
- Non mais…
- C’était à la soirée de Fran, quand j’avais pas pu venir, il y a 6 mois. Ça fait 6 mois
que tu me trompes ! » Il nia mollement puis finit par avouer : oui, ils se voyaient
depuis un certain temps déjà, uniquement en journée. « En journée pendant que
je bosse pour payer le loyer », pensa-t-elle, mais alors que son ego était plus que
jamais piétiné, elle n’osa heurter le sien.

Ils s’accordèrent pour qu'elle reste à l'appart le temps de trouver autre
chose. Le semaine d’après, il lui demanda de partir d’ici la fin de la semaine parce
que sa nouvelle copine s'était fait virer de son appart. Elle tenta de réagir. « Mais
je fais comment moi ? ». Il répondit par un haussement d'épaule. Sidérée, elle le
chercha du regard, mais lui se contentait en guise de combat d’exposer toute
l'étendue de sa lassitude. Elle protesta, bafouillant que c’était pas possible, qu’on
traite pas les gens comme ça. Il se retourna enfin vers elle et lui balança que
techniquement, le bail était à son nom, donc… A cet instant, elle conclut que la
seule dignité qui lui restait était de partir, sans attendre.

Une fois dehors, elle appela une collègue de boulot qui accepta de
l'héberger pour quelques temps. Au début, elle lui signifia sa plus profonde
empathie, l'invitant à se confier avec un air entendu et compatissant. Lorsqu'elle
voulut éviter la discussion, elle sentit dans son regard déçu qu'elle devait se plier
au jeu. Elle déroula donc son histoire et laissa sa collègue la ponctuer de « oui
c'est sûr c'est pas facile » et autres « ah non mais vraiment, c'est un connard».
Au bout de deux jours, sa collègue avait épuisé ses répliques et se mit alors à
l'ignorer, puis ne cacha plus son agacement de la voir traîner chez elle. Le
vendredi, elle lui demanda si elle pouvait trouver quelqu'un d'autre pour
l'héberger le week-end parce qu'elle voulait quand même pouvoir être seule
avec son mec. Elle disait mec en allongeant la voyelle et faisant sonner le « c »:
ça sonnait comme une claque. Elle avait un mec comme d'autres une paire de
couilles.
« T'as quelqu'un d'autre chez qui tu peux dormir ?
- Oui, oui, bien sûr. Faut que je voie. » Elle n’avait personne. Elle avait
quitté Lyon pour rejoindre son copain à Strasbourg et en deux ans, n’avait pas lié
de réelle amitié.
- De toute façon, tu peux revenir lundi si tu veux. Sans souci !»

Elle se trouva pour la deuxième fois dehors avec sa valise à roulette. Elle
traversa la ville, se rendit à l’Auberge de jeunesse de la ville et y passa le week-
end, à moitié amorphe. Le dimanche soir, elle appela sa collègue ; personne ne
répondit. Elle attendit 19h45, juste avant la fermeture de l'accueil puis descendit
prolonger la réservation d'une semaine.

A partir de ce moment, son quotidien se résuma à l’entretien du
présent : se laver, aller travailler, manger, dormir et recommencer. Les questions
se percutaient en continu dans sa tête : qu’allait-elle faire ? Pourquoi en était-elle
là ? Elle ne savait si elle devait retourner à Lyon où elle n’avait plus d’attache, ou
bien rester ici, où rien ne la retenait. Elle avait envie d’ailleurs, mais ailleurs, c’est
toujours quelque part. Après tout, elle ne cherchait rien d’autre qu’une vie
supportable. Peut-être était-ce là le problème, ce manque d’ambition, ou peut-
être n’y avait-il pas de problème, juste rien à espérer.

Le jeudi soir, à la sortie du boulot, elle alla se fondre dans le vacarme de
la ville, fit quelques courses, puis sans réfléchir, entra dans la pharmacie d’à côté,
acheta du Doliprane, puis des somnifères. Arrivée à l’auberge, elle regarda dans
la notice la dose conseillée pour les somnifères, mit le triple dans un grand verre
de vin et une fois les comprimés dissous,
jeta le tout. A cet instant, en voyant l'évier engloutir le contenu de son
verre, quelque chose lâcha en elle. Elle réalisa que deux semaines durant, elle
n’avait fait que compter les coups.

2 -
L'auberge se trouvait un peu à l'extérieur de la ville, dans une zone où la
seule tentative manifeste d'embellir l’espace était des pots de fleurs, tentative
malheureusement ratée puisque les fleurs elles-même étaient moches.
Ce soir-là, elle était au bar en face de l'auberge. Elle était là, attentive à
chaque mouvement autour d'elle susceptible de la distraire d'elle-même. Le
patron essuyait les verres, un groupe de l’auberge jouait aux cartes, un vieux au
visage émacié se tenait au comptoir tandis que des gars se retrouvaient autour
d’une bière... Le bar était un ventre chaud qui grouillait de cette petite vie. Elle
avait pris l'habitude depuis quelques jours de venir ici. Elle était reconnaissante
au patron de ne lui avoir jamais posé de questions, elle qui semblait détonner
dans cet environnement. Elle l’aimait bien parce qu'il avait une moustache poivre
et sel épaisse qu’il trempait dans sa bière quand il buvait.

Son regard se perdait dans le vide puis bloqua sur une pancarte : Petit
déjeuner. Boisson chaude + tartine avec beurre et confiture. 5 euros.
« Vous avez de la confiture d’oranges amères ? »
Cette voix qu'elle entendit, elle ne la reconnut pas tout de suite comme
étant la sienne. Le patron releva la tête, un peu étonné.
« Oui, pour les petits déjeuners. Vous pouvez venir demain matin, vous
verrez, c’est sympa... »
- D'accord. » Elle s'excuserait presque d'avoir parlé, mais elle était lancée, alors
elle poursuivit :
« Et ça serait possible d'en avoir ce soir ? » Elle aurait pu rajouter qu’il n’y
avait pas grand-chose qui lui faisait plaisir en ce moment, que c’était même la
seule chose qui lui faisait juste envie depuis longtemps, mais bon, elle n’allait pas
s’étaler non plus.
« Ben, non, lui répondit-il, un peu penaud. On a des plateaux pour le soir, avec
du saucisson ou du fromage…
- Ah. Non, ça ira. » Il vit sa mine déçue, certes polie mais déçue, alors il se ravisa.
« Mais je peux peut-être faire une exception.
- C’est vrai ?
- Disons que oui. »

Elle sentit poindre en elle quelque chose de l'ordre de l'excitation, du
contentement, quelque chose du moins, qui ne soit ni de la lassitude, ni du
soulagement. Le goût amer vint réveiller ses papilles que le beurre et le sucre
enrobaient de douceur. Le patron se pointa :
« C'est drôle d'avoir envie d'un petit déjeuner. Vous êtes pas très salé ?
- Non non, ça n’a rien à voir.
- Ah ? Et ça a à voir avec quoi alors, sans vouloir être indiscret ?
- Je peux vous dire pourquoi, mais vous allez trouver ça très bête. » Il haussa les
épaules : « Dites toujours.
- Je me suis séparée de mon copain il n’y a pas longtemps. On achetait toujours
de la confiture de fraises, parce que c’était la seule qu’il aimait. J'aurais pu en
acheter d'autres, pour moi, mais… Et moi, ma préférée c’est l’orange amère.
Alors, je voulais me rappeler, voir si c’était si bon. C’est bête ce que je raconte…
- Non… C’est étrange, mais ça m'a l'air sensé. »
Sous son regard, elle se prépara une autre tartine qu’elle engouffra aussitôt.
« Alors, c’est si bon ?»
Tout en mâchant, elle lui fit signe que oui et vit alors son visage se creuser de
deux belles fossettes.
- - -
Au bout d'un moment, le patron alluma la télé. Match de boxe. Il
regardait ça tranquillement. A la violence qui se déchaînait sur le grand écran, il
opposait son calme, sa pesanteur, sa constance à porter sa bière à ses lèvres sans
quitter d'un poil l'écran des yeux. Elle regarda, prit plaisir à ce flot d’images qui
lui reposait l’esprit, puis cela finit par la captiver : les images semblant se ralentir
pour lui donner à voir la plastique des corps, l'arrondis des gestes.
C’est au milieu de cette confusion des corps que cette idée émergea : elle
voulait qu’on casse la gueule de son ex. Ce désir prenait place dans le gouffre qui
emplissait son cœur depuis des jours et il avait la saveur du fantasme. Sa libido
7était en berne, elle ne s’exprimait qu’à travers ces visions : sa mâchoire à lui
percutée par un poing, son corps plié en deux par un coup, le sang traversant en
sillon son visage. Les images se brouillaient entre elles, s’imposaient à elles
comme avant celles de sexe - bite dans sa bouche, bouche contre ses seins -, ou
celles, plus tard de mort - flingue contre sa trempe, couteau sur ses veines.

« Ça vous plaît ? La question du patron la tira de ses pensées.
- Oui, je trouve ça plutôt beau en fait.
- C’est vrai.
- Je connais pas, mais ça donne envie …
- Ah, je peux vous présenter ! Les jeunes hommes d’à côté, ils viennent du club
de boxe» Voyant son hésitation, il rajouta : « Attention, ils sont très corrects ! »
Après tout, qu’avait-elle de mieux à faire ? Elle finit sa tartine de confiture en une
bouchée et dit « OK ». L’instant d’après, elle était attablée au milieu de trois
gaillards.
Au milieu d’eux, elle se faisait l’effet d’une gamine sirotant une
grenadine.
« Alors tu t’intéresses à la boxe ? » C’est le plus costaud des trois qui prit la
parole le premier.
«Oh, je découvre. Je trouve ça beau à regarder.
- Ah ! C’est sûr, ça compte ! On croit que la boxe, c’est juste taper fort, mais il faut
trouver le bon geste.
- Enfin, quand tu te prends un pain, t’es pas trop dans l’art non plus.
- Oui, faut savoir encaisser les coups, mais aussi être précis. Donc au final, c’est
en faisant quelque de beau que tu gagnes».
Était-elle enivrée par ce flot de parole ? Ou bien était-ce la bière qu’elle enquillait
pour masquer sa gêne et qui n’avait rien d’une grenadine ? Toujours est-il que la
question qui suivit étonna tout le monde, y compris elle-même :
« Et ça vous arrive de casser la gueule à des gens, en dehors de la boxe ?
- En dehors ?… Non.
- Ça m’est arrivé avant, mais là, je me tiens à carreau.
- Pourquoi tu demandes ça ? T’as envie qu’on s’occupe de quelqu’un ? »
Les rires se succédèrent. Une déglutition, puis elle se lança :
« Je voudrais qu’on casse la gueule de mon ex. »

Le silence qui suivit ne fut perturbé que par le bruit qu’elle émit lorsqu’elle finit
sa bière. Elle leva la tête vers eux. Trois gaillards la regardaient, hébétés.
«Ben non. On fait pas ça. C’est le plus petit qui prit la parole le premier.
- Mais tu nous prends pour qui là ?
- Pour des gens gentils, répondit-elle, un peu gênée.
- Mais on casse pas la gueule des gens comme ça, pour un oui, pour un non. Il t’a
fait quoi au juste, ton ex ?
- Rien. Il m’a trompé pendant 6 mois en me laissant payer le loyer. »
Elle fit semblant de regarder, captivée, les traces laissées par la mousse de sa
bière afin de cacher sa tristesse.
« C’est vrai, c’est moche.
- Mais c’est le passé tout ça, poursuivit l’autre. Maintenant, tu vas aller de l’avant,
rencontrer d’autres gens…
- Tu verras, ça passera tout ça... »
Elle sentait une bouffée de désespoir remonter dans son cœur, elle allait se
mettre à pleurer, là, tout de suite, alors elle se redressa et dit :
« Tout ça je le ferai, un jour. Mais avant, je veux qu’on lui pète la gueule. Il m’a
prise pour une conne pendant des mois. Il m’a laissé l’entretenir, faire le lit, me
faire du souci pour lui alors qu’il couchait avec une autre. Je vais passer à autre
chose. Ces mois de mensonge et de merde, je vais me les bouffer. Mais avant, je
veux qu’il en chie aussi un peu. »

Le silence revint. Elle se préparait à partir, à dire Désolée de vous avoir dérangés,
merci beaucoup au revoir excusez moi quand le plus grand lui demanda :
« Il fait combien de kilos ton gars ? » Elle leva la tête vers lui, un peu
interloquée.
- Dans les 80 kg… répondit-elle machinalement.
- Il est du genre musclé ?
- Non, pas tellement. Il est pas maigre, mais il est plutôt dans le genre… mou.
- Il a déjà fait de la boxe, des sports de combat ?
- Non. Du sport déjà, non. Alors, des sports de combat, non plus. Il se fait casser
la gueule quand il s’embrouille avec des mecs en soirée, mais on peut pas
vraiment appeler ça se battre », dit-elle avec un sourire. Il laissa passer un
silence, comme pour soigner son effet.
« Alors tu peux t’en occuper toute seule, de ton ex.
- Hein ?
- Attends, va falloir t’entraîner, et pas qu’un peu, et accepter aussi de prendre des
coups, mais ça se fait. »

Les deux autres ne s’attendaient pas à cette sortie, mais acquiescèrent en
un murmure. Elle restait circonspecte. Elle ? Aller péter la gueule de son ex ? Elle
avait passé deux ans à lui demander d’ouvrir les bocaux, restons sérieux. Mais le
plus petit poursuivit :
« T’as déjà fait de la danse en couple ?
- Comment ça ?
- Du rock, de la salsa...
- Je faisais du folk, avant.
- Ça, ça aide vachement, pour prévoir les coups, savoir se positionner…
- Oui c’est vrai. » C’était le premier gars qui parlait à présent. « Y en a une qui a
commencé cette année, elle fait du jazz, je crois. Elle se débrouille super bien.
- Et t’as déjà fait des boulots physiques ?, reprit-il.
- Je bosse au Super de la place St Anne, donc ça fait les bras. Puis j’ai fait les
vendanges...
- Les vendanges ? Alors c’est bon ! », fit l’un. Et un autre de renchérir :
- Ah quand t’as fait les vendanges, t’as tout fait.
- On l’a fait tous les trois un été, qu’est-ce qu’on en a chié !
- Oh oui !
- Heureusement qu’on bouffait bien…
- Ah oui. Et qu’est-ce qu’on bouffait ! » lâcha l’un d’eux en un rire qui enrôla les
deux autres. Lorsque le rire commença à retomber, le costaud reprit :
« Et pour les vendanges, t’étais comment ?
- J’étais dans le milieu.
- Le milieu, c’est déjà bien, souligna-t-il. Alors, tu en dis quoi ? ». En l’absence de
réponse, il rajouta : « De toute façon, c’est ça ou rien. »

Rien, elle savait ce que c’était. Rien, c’était le gouffre dans lequel elle
sombrait, mi-larve, mi-humaine. Pour autant, elle hésitait encore :
« Mais je fais dans les 60 kg, répondit-elle. Et encore, là dedans, y a beaucoup de
graisse.
- T’inquiète, la graisse, on s’en occupe. »
Elle le regarda avec amusement : effectivement, en le voyant, on savait que pour
la graisse, on pouvait lui faire confiance.
Quelque chose se passa entre eux quatre, comme si chacun venait de
soulager son cœur. Elle hocha la tête :
« Alors c’est OK ?
- C’est OK.
- Demain, c’est à 20H, reprit un autre.
- OK. »
Elle regarda ces trois gars avec cette tendresse : c’était comme un bloc de
muscles gigantesque qui fondait sur elle.

- 3 -
« Alors, tu tapes comment toi ? »
Le tout baraqué de la veille lui demandait cela alors qu’ils se retrouvaient
dans ce gymnase froid qui sentait le caoutchouc et la sueur.
« Je tape comme une fille..., répondit-elle en haussant les épaules.
- Et ça veut dire quoi ça ? répondit-il avec un peu d’agacement. Bon, tu as le sac,
là. C’est très simple, tu tapes. »
Elle commença. Ses gestes étaient saccadés, elle semblait toujours toucher le sac
par accident, comme à deux doigts de rater la cible. Tout était brusque, gauche,
et plus elle tâchait d’être précise, plus elle rajoutait en maladresse.

Au bout d’un moment, le gars l’arrêta.
« OK. Comment tu te sens ?
- Pas très à l’aise.
- OK. Cette fois, tu vas bien prendre appui sur tes jambes, comme ça », et il se
balança à droite à gauche, comme s’il esquissait un pas de danse. Elle suivit ses
gestes, avec hésitation d’abord, puis de plus en plus d’aplomb. « Oui, voilà.
Relâche les bras aussi », et il agita les bras comme une poupée de baudruche
qu’elle imita aussitôt. « Allez, on reprend. T’as pas besoin de taper très fort. Juste
tu tapes, tu penses pas à tes bras, tu te concentres sur tes jambes,»
Elle refit le même geste et peu à peu, quelque chose se modifia. Elle avait oublié
le geste qu’elle voulait exécuter et ne percevait plus que celui qui se déployait à
présent. Un coup, puis un autre, et encore un autre, une régularité s’imprimait
en elle, comme si son propre souffle la guidait.
« Et là, c’était comment ? Cette question suspendit son geste.
- C’est mieux, je crois.
- Oui, je crois aussi, répondit-il. On continue alors, un peu plus fort, c’est tout. »

Elle poursuivit le geste initié, écoutait le bruit sourd qui retentissait à chaque
coup, s’attachait à le rendre plus puissant, elle-même plus puissante, ses bras
plus amples, son souffle plus large. Un coup, puis un autre, puis celui qu’elle
portait à présent, et le plaisir qu’elle en retirait.
« Et là ?
- Ça va là. Je suis bien.
- OK. Du coup tu vas t’entraîner avec Guillaume. » Dans le fond de la salle, un
autre gars de la veille l’accueillit d’un sourire.

Les jours suivants, tout son corps devint une surface de souffrance. Ses
cuisses redoutaient les marches à monter, et encore plus celles à descendre. Elle
se réveillait le matin avec cette sensation d’être la petite sirène avec ses jambes
plaintives. Et puis il y avait le haut du corps. Concrètement, elle n’avait plus de
bras. A la place, elle avait cette chose, dure comme du béton et dont elle ne
savait que faire. Elle avait mal quand elle se séchait les cheveux, mal quand elle
tenait son téléphone, mal aussi lorsqu’elle restait les bras ballants, mal, même
lorsqu’elle n’y pensait pas. Elle aurait voulu quelqu’un pour les lui porter, et puis
un autre pour porter toute sa peine.

Elle y retourna pourtant, comme un bon petit soldat. Peu à peu, elle
apprécia ces changements. Elle se sentait mieux dans ce corps souffreteux que
dans celui, morne, des semaines précédentes. Le soir, elle se regardait dans le
miroir de la salle de bain, s’amusait à voir ses muscles se contracter. Elle
observait, touchait ses bras avec étrangeté, comme s’il s’agissait d’une peau de
serpent, ou mieux : une peau de serpent en train de muer. Parfois, quand elle
était seule, elle ouvrait sa serviette et découvrait tout le reste du corps : ses abdo
qui se dessinaient, ses fesses rebondies, le trait saillant des muscles des jambes...
Elle ne refermait la serviette que le sourire aux lèvres : « Bonasse ! » se disait-
elle.
- - -
Croyait-elle réellement à cette idée d’aller casser la gueule de son ex ?
Oui et non. Comme elle tapait, elle avançait dans cette vie : sans se poser de
question. Elle restait à l’Auberge, le temps de donner des contours à sa propre
existence et s’arrangea avec le gérant pour, dans la mesure du possible, être
seule dans une chambre. Elle allait à la boxe un soir sur deux et profitait du
dimanche pour son intendance.

Un appel qui commença par un grand « Hé ! » la sortit de cette routine.
C’était une amie qu’elle avait connu à Lyon et qui avait bougé à Londres quelques
années auparavant. Depuis, elles ne se voyaient que rarement, le temps d’un
café. Peu à peu, une gêne s’était installée : elle écoutait son amie avec le
sentiment de ne pouvoir donner le change. A ses récits, elle n’opposait rien
d’autre qu’une vie tranquille qui se poursuivait, comme si son espace à elle s’était
rétréci. Certainement était-ce pour cela qu’elle se réjouit, bizarrement, de lui dire
qu’elle s’était fait larguer et de lui faire part du bordel qu’était devenue son
existence. Elle lui narrait ses aventures lorsque son amie lui demanda tout de go :
« J’y pense, tu fais quoi le week-end prochain ?
- Rien. Je bosse le samedi.
- Et tu pourrais te libérer ?
- Oui, j’ai une récup’ à poser, ça devrait aller.
- Ça te dirait de venir à Besançon ? La question lui parut saugrenue.
- A Besançon ? Pour quoi faire ?
- Je t’explique. En ce moment je suis à Lyon, mais je vais voir une amie là-bas. Ça
sera pratique pour toutes les deux. Ma pote est au Foyer des Jeunes Travailleurs,
j’ai pris une chambre, on pourra partager.
- Euh…
- Allez, viens, tu verras, je suis sûre que ça va être top ! »

Pour étrange que ce projet lui parut, elle se laissa tenter et son D’accord fut suivi
d’un petit Oui gracieux qui vint conclure la conversation.
Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas sortie en ville. Elle ne se
rappelait pas que c’était si bien, comme si elle avait été confinée un temps et
avait fini par s’en passer et oublier, à la longue, l’intensité de ces moments :
14discuter à bâtons rompus, vaguement enivrée, croiser d’autres regards, goûter le
temps qui s’étire à n’en plus finir. Elle regarda ce bar à la lumière orangée dont
des sourires émergeaient, puis tapa la causette en attendant devant les chiottes,
les chiottes elle-même bruissant de toute cette vie. Cette soirée était un
plongeon dont elle ne sortait que pour y retourner.

Elle se sentit à sa place ici. Ici, elle pouvait enfin rendre les armes, arrêter
de lutter, de se battre pour simplement exister. « Gouverner est juste disposition
des choses ». Cette phrase, apprise en faculté, lui revint en mémoire. Et si se
gouverner, c’était de venir habiter ici ? Quelque chose se passa, comme un
alignement de l’espace. Cette sensation ne la quitta pas lorsque le lendemain elle
longea les bords du Doubs. « Ce pourrait être ça, ma vie. », se dit-elle
simplement.

A partir de là, tout s’enchaîna. Le temps qu’elle ne passait pas à la boxe,
elle était sur l’ordinateur de l’Auberge de Jeunesse à écumer les offres d’emploi à
Besançon. Elle s’étonnait de trouver cette énergie, elle qui auparavant, ne
s’astreignait que péniblement à un cour de yoga hebdomadaire ; on aurait dit
que sa force s’était décuplée. Au bout de deux semaines, elle eut plusieurs
entretiens et au bout de trois, elle avait du boulot pour le mois suivant. Pour le
logement, elle irait au Foyer des jeunes travailleurs, il y avait des cours de boxe
pas très loin.

Voilà. Elle allait partir. Arrivée presque au bout de l’histoire, elle ne savait
quelle en devait être la fin. Partir directement, ou passer par la case violence ?
Maintenant que cette idée un peu vaseuse devenait concrète, elle eut un
mouvement de recul. Non, bien sûr qu’elle n’allait pas le faire. Elle croyait quoi ?
Soyons sérieux… Et bien si. Elle avait beau faire rouler dans sa tête tous les
arguments contre, la violence, c’est pas bien, les coups sont l’arme des faibles,
une force irrésistible l’y poussait. Était-ce ce flot d’énergie, cette solidité qui
avaient pris place en elle et devaient trouvait un exutoire ? Peu importe, elle
poursuivait le sillon de son propre désir.
- - -
Lorsqu’il ouvra la porte de l’appart, elle eut le souffle coupé, comme si
elle rentrait dans une eau glacée. Sa nouvelle copine était absente, à sa
demande. Il lui dit qu’il avait mis ses affaires dans des sacs IKEA, pour faire de la
place, puis pour combler un silence gênant, il lui proposa un café. Ils bavardèrent
vaguement et à chaque instant, elle se disait qu’elle pouvait y aller, là,
maintenant, et puis non, son geste restait figé.

C’est lui qui bougea le premier. Il s’avança vers elle pour se resservir du
café « J’ai la tête dans l’cul aujourd’hui, t’imagines même pas... ». C’était furtif
mais elle eut le temps de sentir son odeur, et sous le coup du dégoût, elle lui
assena un coup de genou dans l’entre-jambe. Il se retrouva plié en deux, émit un
râle de douleur et la regarda, stupéfait. Puis il se jeta sur elle. Elle esquiva un
coup au visage, mais pas celui au ventre qui lui scia les poumons. Elle laissa
passer une inspiration, puis à suivante, se redressa et sans lui laisser le temps de
rien, lui envoya un pain en pleine poire.

C’était un déchaînement de violence, mais la force ne s’échappait pas
d’elle. A chaque coup, elle s’ancrait en elle, dans son corps, dans ses jambes,
faibles tout d’abord, comme au-dessus du sol, puis solides à présent : la
confiance se fit en tapant. Rien de ce qu’elle faisait n’était moral mais elle s’en
foutait. Elle en avait sa claque s’être morale, et gentille, et comme il faut. Elle
quittait ces oripeaux de bienséance de bonne petite fille, mais ne se perdait pour
autant. Au contraire, elle se rapprochait d’elle-même.
Il était assis à présent et meublait sa défaite de sonores « Putain ! ». Elle
allait partir mais quelque chose la retint : elle devait encore récupérer ses
affaires. Et s’il venait à ce moment, par surprise… Elle se pencha alors sur lui, lui
tint les cheveux et fit percuter son front contre la table. Le coup de grâce. Elle vit
alors le sang couler tout le long de sa joue.

Elle alla dans la chambre et, habile, se fraya un chemin entre les T-Shirts
sales et les cendriers pleins puis, quitta l’appart, toute parée de ses sacs IKEA.

Épilogue

« Il a eu 7 jours d’interruption temporaire de travail , reprend le policier
en suivant le procès-verbal, auxquels s’ajoutent des dégâts matériels dont une
chaîne Hi-Fi cassée…
- Mais elle était déjà cassé, sa chaîne Hi Fi ! »
Le policier est partagé entre l’agacement et la curiosité.
« Comment ça ?
- Elle était déjà cassée quand on s’est séparés… Ah c’est pour ça qu’il porte
plainte ! Il veut les sous de l’assurance !»
Le policier laisse passer un temps.
« Donc selon vous, votre ex se serait fait taper dessus pour une chaîne Hi Fi ?
- Non, il a dû s’embrouiller avec un gars et a pensé ensuite à sa chaîne. »
Le policier ne sait pas quoi répondre.
« Vous avez des preuves que la chaîne était cassée avant le 18 décembre,
quelqu'un d’autre pourrait le confirmer ?
- Euh...non » Elle avait repris la main, mais tout sembla lui échapper à nouveau,
lorsqu’un détail lui revint. « Si ! Il m’avait envoyé un mail, avec un lien, où il me
demandait de lui en racheter une. » Devant l’étonnent du policier, elle poursuit :
« Je l’avais gardé, ce mail, pour me rappeler que… c’était pas plus mal qu’il m’ait
larguée. »

Plongé dans sa réflexion, le policier tapote l’indexe sur la table marron et moche.
« Il me faudra la capture d’écran du mail. Vous savez faire ?
- Oui oui.
- Je vous donnerai l’adresse du service. »
Puis, après une petite moue d’hésitation, il conclut :
« On va dresser le procès verbal, mais au vu des éléments et s’ils venaient à être
confirmés » et il insiste bien sur ces derniers mots « ça ne va pas aller beaucoup
plus loin.».

Elle repart enfin. Elle a laissé le passé derrière elle, s’est détachée de
cette mélasse, pied après pied, et a abandonné en chemin les restes de boue qui
restaient accrochés à ses grolles. Ses pas reprennent le chemin foulé quelques
mois auparavant, ses semelles s’usent sur le même bitume. Seule une brise
légère semble distinguer ces deux moments.

Elle est là. Le vent s’engouffre dans son manteau. Pour la première fois
de l’année, on sent le printemps venir. Il fait encore frais pourtant, il n’y a aucune
feuille aux branches, aucune jonquilles n’a encore sorti le bout de son pif mais
tout est là. L’espoir, chevillé aux guibolles, la porte à présent, comme un groove
intérieur et puissant.

Promenons-nous dans les bois

Promenons-nous dans les bois,
les branches des arbres s’accrochant à nos corps,
mais nos corps toujours exultant.

Le Loup est toujours là,
il est cette bête, prête à surgir.

Promenons-nous dans les bois,
nous brûlant de cette bête.
Ma peau se salira dans la terre,
s’écorchera sur les branches,
toutes choses ne répondant qu’au manque de toi.

Promenons-nous dans les bois et promène ta bouche sur moi.
Moi je me baladerai tout le long de ton cou,
tout le long de corps
du premier au dernier grain de beauté.

Je suis ta bête, tu es la mienne.
Je te mangerais.

Presque personne, presque nulle part

Presque personne, presque nulle part


[Ensemble de treize courts textes]

Écrits entre 2008 et 2022



Où suis-je ?... Il y a quelqu’un ?...
Presque personne, presque nulle part.

Cette fois-ci, il n’y a que moi.
Le silence
est le son de soi-même.
Me dis-je alors
sans toi pour me contredire.

                                                         ₪


Peut-être que seul un train fantôme
peut entrer en gare défunte et désaffectée.

                                                         ₪

Ne l’oublions pas

Les étoiles cesseront un jour de briller.
Un soir il n’y aura plus de ciel.
La terre face à l’immensité
n’est rien qu’un petit point,
un tout petit point,
un pixel
.

                                                         ₪

La matière noire de l’Univers.
C’est là où l’imaginaire se crée
à partir des mystères restés anonymes.

                                                         ₪

Ici et maintenant,
il ne reste plus que nous deux
pour écouter ce vent si léger.

                                                         ₪

Loin d’ici, sur une planète volcanique,
l’océan de magma aurait formé un mot
s’il avait été lu par l’espace profond.

                                                         ₪


toi et moi
dans un monde concentrique
lui-même perpendiculaire
aux univers parallèles
de la énième dimension,
ça donne quoi ?


                                                         ₪

Des couloirs se répétant à l’infini –
des dédales s’additionnant – de nouveaux labyrinthes
se créant – et dans tout ça, comment te sens-tu
toi, l’instant qui passe ?

                                                         ₪

Heureuse et triste,
la fin de l’histoire aura eu lieu
sur un quai de gare.

                                                         ₪

Elle cherche sa salle de classe. Au-dehors, le silence s’éternise dans la cour de récré. Elle repasse dans ce couloir. Elle cherche sa salle de classe depuis si longtemps déjà. Elle évite les escaliers qui partent en spirale. Elle compte les cartables. Elle échappe de peu aux fantômes et aux entités d’origine inconnue qui hantent les lieux. Elle se demande ce qu’il est advenu du reste du monde.

                                                         ₪

À des années-lumière de là,
une étoile à neutrons ignore toujours
ce que sont le néant et le vide.

                                                         ₪



-Il y a quelqu’un ?
-Presque personne.
-Où sommes-nous ?
-Presque nulle part.

À nous de jouer maintenant.

                                                         ₪

Nos deux chemins se retrouvent
et tandis que le Temps s’efface –
et tandis que l’Espace en fait autant –
nous devenons la seule matière existante
avant le nouveau cosmos.

                                                         ₪



.

L'automne emménage

L'automne emménage de toutes parts 
je m'effeuille pour lui dire : Tu es ici chez toi

Les arbres te prennent dans leurs branches 
nous te prenons dans nos bras

.

Sept fois septembre

Cette fois septembre s’écrit
dans un étrange univers
où s’invitent le temps et l’espace
de quelques émotions si vives
qu’elles deviendront des mots.

Cette fois septembre se couvre
et s’embrume de pensées
de profondeurs de blanche grisaille
le long des terres trempées.

Cette fois septembre s’attarde
dans le tipi de l’été indien
et y invite tout le soleil possible.

Cette fois septembre est en larmes
et fait tomber sur la ville
tant de souvenirs de deuils et d’adieux
sous la forme d’inlassables pluies.

Cette fois septembre s’illumine
et prend la main du brouillard
dans lequel nous marchons
pas à pas sur octobre, sur un chemin perdu
de l’effacement de toute chose.

Cette fois septembre nous rappelle
de fleurir la tombe
des futures feuilles mortes
avec la lumière de quelques mots.

Cette fois septembre nous propose
un début de manuscrit,
celui d’un nouvel automne
où tous les arbres seront dévêtus
de leurs poèmes.

Feuilles partagées (avec Noirs'Arômes et Lilian)

.

Ces arbres aux branches mêlées,
Ils ont poussé ensemble.
Regarde-les grandir, Soleil,
Et raconte leur histoire végétale
À l’un qui n’a pas compris les branches,
À l’autre qui ne connaît rien des arbres.


                                        Coécrit avec Noirs’Arômes




Quand deux existences se croisent,
Quand deux branches se rencontrent,
Quand deux âmes ne font qu’une,
Quand deux civilisations s’interpellent,
C’est le monde qui se constitue.


                                          Coécrit avec Lilian

.

Les énergies

Les flux défilent
Fuient sous la menace
Facile des mes espaces
Les ondes de la fibre
La lumière du feu
Le flot des rivières
Le fil du temps
Infirme que je suis
A capter la moindre force
De toute source

Je sens les énergies de mes anciens moi
Déchirer l'air qui m'entoure
Des ongles qui grattent des murs de pierres
Des insultes en toute entreprise

Comment j'avance
Tout est abstrait
Et toi
Je ne sais même pas qui tu es
Tu es peut-être un piège
Un mirage
Ma liberté
Nous sommes-nous déjà rencontrés ?
Je sens des vagues de chaleur
Il y aura peut-être
Un vent
Qui tournera pour moi
Je ne sais pas pourquoi je le dis
Je ne le sentirai même pas

Entre silence et nuit

entre silence et nuit
 l’oubli posera ses accords
 sur les rêves
 les terres de brume
 déchirant le voile du ciel
 répudieront les consciences
  
 les hommes perdus
 dans des remords impossibles
 ne seront plus
  
 la terre renaîtra
  
  
 les derniers mots
 par les soleils
 irisés
 caressent les feuilles
 fanées des bambous
 s’envolent vers les oiseaux
  
  
 ils chanteront la vie à venir

S'accorder

Un décor de rêve
Sur des arythmies étranges
Des corps qui se perdent

Des impressions inégales
Tenter quelques certitudes

Vies

il est ma seconde vie

exilés les chemins de traverse
aux noires épines
il est voyage
il est rire
il est rempart
forgé de tendresse
où s’ensablentles scories des sans amours


le temps l’a grignoté
meurtri son esprit
ses mots inventent
le calendrier
effacent les souvenirs

délaissé
par la vie
sa boussole s’étiole

les fleurs sombres
distillent leurs effluves
incrustant sur ma chair
les paroles effrayantes

je ne veux pas de troisième vie

Déliquescence

ombre
informe 
sur le mur
feuillage 
brouillé
par  le temps
des oiseaux gris
déchirent 
les nuages 
les pensées informes
envahissant
chaque instant
l'insaisissable 
effrite les continents

Les idées claires

J'ai les idées claires
Noires
Limpides dans leur existence de pétrole brut

J'ai mes certitudes
Rien n'a l'air plus vrai que l'orage
Ou qu'une atmosphère étouffante
Et c'est simple
De la plus pure essence
Cette terrifiante évidence
Ronge mes poumons de braises
Et à travers les marées goudronnées
M'envoie des reflets de joyaux perdus

Le monde m'arrache à la contemplation
Me gifle de ressentiments
M'ouvre les veines pour me remplir de vide
Me gonfler comme un ballon pour aller jouer
Qui pourrait tout aussi bien éclater dans l'oubli
Enlisé sous les troubles des manières de vivre
Ou juste à supporter le poids du bonheur des autres

Je vois parfaitement
Paralysé dans cette masse indescriptible
Baignée d'une lumière porteuse de toutes les ombres de la Terre
La Vérité me parle
Je lui dis oui, peut-être
Je ne sais pas
La réponse est si facile
Je n'ai jamais eu aussi peur

Cernée

les chardons
s’épanouissent
me possèdent
coquelicots et bleuets
veinent ma peau
infiltrant les
peines
qu’il me faut affronter

cernée

je suis cernée

mes pensées se traînent
alourdies
la grisaille
avalant les nuages
étend ses rhizomes


il ravine dans mon cœur

En ces êtres

J'ai pris le chemin de l'amour en ces êtres
j'ai dansé avec eux
multiplié les maquis et les eaux
le visage délivré à l'écume
les bras dans la forêt

Prends ma main

L'enfant accoste le faiseur d'incroyable
le joint à ses rives et à ses houles
l'emmène sur ses terres
dans la joie d'une découverte

L’invisible

(Dix poèmes courts)




Ma pensée pour toi
Ma présence parmi vous
Mon témoignage
Pour les arbres et la pierre

*

Ma chair
Dépouille mon âme
Mon âme
Dépouille ma chair

*

Je les rejoins à l’intérieur
De la bulle du lieu
Sans les déranger
Car je sais que leur harmonie
Est un trésor

*

La réalité change
Les pixellisations se succèdent
Et moi
Je deviens air

*

Enfant pleine de grâce
Tu as vaincu ces cauchemars de carrousels
Amadoué ces duvets de dodos
Embrassé ce brasseur de brises

*

Quand je ne suis que brisure et fil rompu
Tu es là pour me changer en acier
En cette heure je suis onde
Pour sauver toutes tes dimensions

*

Le cerveau à l’envers, cher paragraphe
Fais comme bon te semble
Crée la rive
Installe ton cours d’eau

*

Je viens à toi
Pour t’aider à remporter la victoire
Je suis à vous
Pour m’aider à panser mes plaies

*

Faites comme si
Je n’étais pas là, compagnons
Considérez-moi comme l’invisible
Qui peut orienter vos pas

*

Infini questionnement
Songe d’éternité
Chemin et danse solaire
Rubis de l’existence

Les mots étaient éclats

(Dix-neuf poèmes courts)





L’inconnu se laissait jaillir
La réalité avançait lentement


*


Une angoisse nous prenait
Mais sur le front du nuage se lisait la sérénité


*

Plage faite d’ombres
Vagues de genèses
Excursions de lointaines nuits

*

Elle, mon âme sœur
Elle ressemblait parfois
à une spatiale comète


*

La lune enthousiasmée
ranima une fusée éteinte
Une certaine providence
d’un certain laps de temps

*

L'automnale éclaircissait sa douleur
Il revenait du soleil

*

Le coup de vent gelait les bras de la ville
Un habitant lui lança un défi

*

Le composé permutait
L'invariable déclinait
Nous rêvions jusqu’à plus soif

*

Un poète accostait une faiseuse d’éclats
et renouvelait chaque dimension
avec ses mots

*

Il y avait encore un reste
de cet orage dispersé sur les distances
sur l’une des faces
de ton grand rectangle

*

Joie, colère et peine dans l’obscur
étaient tant à vif dans nos corps

*

La mer y perdit une dent
le rivage y perdit toute patience

*

Dans les buissons s’échappèrent les oiseaux nocturnes
repeints par les regards

*

Le rocher attendit un siècle
l’eau revint sur son torse

*

Où étais-tu conteur de belles chandelles
à ce recoin du temps
à quel endroit qui t’enflammait ?

*

Bref moment dilapidé par l’ignorance
au moins le savoir était indemne

*

Timide diamant de l’être
qui se posait la question de la brillance

*

La montagne se faisait désirer
la forêt devenait récompense

*

De la terre renaissait le jour
et la nuit faisait pousser
des rayons de lune à nos chants

Des allées et venues

(Quatre poèmes courts)





Dans le calcul de l'été
s’énumèrent les confidences
Je numérise jusqu'à l’os
les vers que tu as redémarrés pour moi

*

Tu dis :
Le nouveau temps fut architecte
de jours nouveaux
Je rajoute un cercle pour l’observation

*


Courrier de la légende
nous parvenant aux fenêtres des nuits
lu par l’aube brodée
par quelques psaumes de vase

*

Un miroir l’envisage
Et la change en eau ruisselante
c’est elle qui l’a voulu
elle, l’ondine de ma rue

Petites éclipses

Le petit garçon puni dans la cour
attend dans le petit bateau de la réprimande

La petite fille moquée par les autres
craint de s’aventurer sur la marelle

Le vieux monsieur abandonné par ses fils
se lamente dans un jardin de remords

La vieille dame folle sur la place publique
crie au ciel et harangue l’air du temps

Ce soir, à nouveau, il se fera entendre

Étés 2011-2012-2013
-2014 -2015-2016
-2017-2018-2019
-2021-2022
Ce soir, à nouveau, il se fera entendre


Envol des mots même qu'on dirait la lune
envol de lune même qu'on dirait l'oiseau

Poème au vent même qu’on dirait sa plume
à ciel ouvrant même qu’on dirait grand chapiteau

Et quand dit la lagune ?...
Et quand disait le château d’eau ?...

Qui donc a entendu le joueur de flûteau ?...
Qui donc a entendu le joueur de flûteau ?...

Miroir pleurant même qu’on dira la brume
costume de mort-vivant même qu’on dirait vilain pas beau

Ô vous maisons des milles dunes et cent ruisseaux
ô vous maisons des feuilles, ô vous maisons des arbrisseaux

Vous qui avez dit-on
abrité l’imaginaire qui allume son chalumeau

Vous voilà rassemblées en constellation
même qu’on dirait un hameau

Abritez-vous encore le joueur de flûteau ?...
Abritez-vous encore le joueur de flûteau ?...

Poème au vent même qu’on dirait sa plume
à ciel ouvrant même qu’on dirait grand chapiteau

Ce soir j’écris face à la Lune
ce soir j’écris au grand tableau

Un message adressé au joueur de flûteau...
Un message adressé au joueur de flûteau...

                                                                                                              Tom Astral


.

hélium

Jeunes astres de mon coeur
Regardez ce soleil resplendir si haut
Sachez qu’il dépend
De vos regards d’hélium

Ni remords ni regrets

j'ai aimé des hommes
ils m’ont désirée
la croisée des chemins 
s'estompe 
dans l'oubli
les caresses fantômes 
jouent les harmoniques
du passé 
sur ma peau esseulée 
s'écoule le chant de la vie

Toutes directions stellaires...

.

                                              Toutes directions stellaires...

Je me sentais hier
Comme dans un monde à l’envers
Oui j’ai été, pour être sincère
Apeuré par les vents contraires
Avant de dépasser l’atmosphère

Toutes directions stellaires…
Toutes directions stellaires…

Le monde n’a pas été prévenu
Que nos imaginations
Sont libres et sont lumière
Cette fois l’heure est venue
Une poésie est en marche
Libre comme l’air... Libre comme l’air...
Libre comme lumière...

Toutes directions stellaires…
Toutes directions stellaires…

Je me présente :
Tom Astral, en sac à dos
Et au coin du feu

Je plante ici ma tente
Et j’ouvre le hublot
Des regards curieux

Ce soir direction l’Univers
Il parait que son expansion accélère
C’est peut-être le désir de bien faire

Toutes directions stellaires…
Toutes directions stellaires…


Il est déjà minuit passé
Minuit passé et des poussières
Le rêve endommagé
A été réparé, opéré à cœur ouvert

Ce soir pendant la veillée
Destination l’Univers
Ce soir pendant la veillée
On passe un si bon moment sur Terre...

Toutes directions stellaires…
Toutes directions stellaires…


                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Tom Astral

Livres à paraître aux Éditions du Tendre-Cosmos

Livres à paraître aux Éditions du Tendre-Cosmos :


La Lune est-elle un croissant au beurre ?

La bataille qui dura 777 ans

Quelques rêves au pays du rien...

La papillote pas rigolote

Parcours scolaire d'un enfant-robot

Wagons vagabonds sur des vagues

Des vagues dans des wagons vagabonds

Terminus du Temps

Big Bang nous revoilà

La grande explication

Il reste tant d’étoiles à lire


.

Au bonheur des pages

.

Livres à lire absolument !


La nuit est un livre ouvert.
Les étoiles sont un livre en plein ciel.
Chaque mystère de la Terre est un livre à creuser.
Chaque merveille de l’Univers est un livre pour nous éclairer.
L’imaginaire est un livre sans fin.


.

Les grandes parenthèses

Il y a un jour
Je te réponds en poésie
Il y a un jour
Mes mains prennent les tiennes
Il y a un jour
Et toi filant
Par un pan de la nuit…

Il y a la nuit
Et toi filant
Il y a un jour
Il y a un an
Il y a un soir
Il y a cent ans
Aux alentours
Autour de nous filant
Passe le vent
Il passe toujours
Dans les cheveux des insouciants…

Il y a un jour
On se dérobe au fil du temps
Il y a un jour
Souriant, il y a
Aux alentours…
Il y a un jour
Je te réponds en poésie
Il y a un jour
On se sent bien ensemble
Il y  a un soir
D’étoiles sur l’océan
Il y a l’envie
Autour de ça filant
Par un vent de la vie
Il y a la vie
Et nous deux filant
Par un pan de la nuit

Alors
S’il y a un jour
Et un instant
Un jour à prendre
Comme en vélo
Comme un humain dans l’air…

Il y a la vie
Et nous deux filant
Par un pan de la vie
Il y a la nuit
Celle de tous les temps
Il y a la vie
Autour de nous filant
Il y a un jour,
Il y a un soir,
Depuis longtemps,
Et nous retraversant
            Ce simple pan
                           De la nuit…

Terre exposant Lune

.

Terre exposant Lune

♪ La vie nous appartient

L’envie nous prend soudain ♪

Terre exposant Lune

♪ Le vent éclaire le chemin

Le vent nous le rend bien ♪

Terre exposant Lune

♪ La vie le vent s’en revient

Et nous prend par la main ♪

Terre exposant Lune

Lumière exposant brune

Terre exposant Lune

Terre... exposant... Lune...

... Lune... Lune... Lune...

... Lune... Lune...

... Lune...



.

Proses vibratoires

Proses vibratoires

[Ensemble de quinze textes courts]


Il y a longtemps, j’ai écrit sur une page blanche :
« Je suis une vibration... », en réponse au monde d’alors
qui voulait faire les présentations. Ce soir encore,
je me fais modulation du son et de la voix
d’un univers qui me dépasse.

⁓ ≈ ⁓

Arabesques du temps et de l’espace :
elles ressemblent aux serpents
qui se serrent la pince
au lieu de se mordre la queue.

⁓ ≈ ⁓

Cette nuit, la forêt a repoussé sur un tarmac.
Aucun avion n’a pu décoller, à part les avions de papier.
Aucun passager n’a quitté sa planche, à part en se tenant aux branches.

⁓ ≈ ⁓

Ton cœur et ton poème
sont inséparables. Ils partagent
la même respiration.

⁓ ≈ ⁓

Soudain mon corps oscille
entre deux vents
au bout du troisième chemin.

⁓ ≈ ⁓

La nature nous écoute
en se chantant elle-même.

⁓ ≈ ⁓

Ce que dit la poussière à l’Enfant-étoile :
Toi aussi, tu as remis un pied devant l’autre.
Toi également, tu as rêvé sur l’eau.
Toi tout autant, tu as mangé la Terre et son noyau.

⁓ ≈ ⁓

Chante le coucou sur la pendule du temps.
Ami poème, le temps d’un mot, retiens ton souffle.

⁓ ≈ ⁓

Fontaine j’ai bu de ton eau,
à ton tour de me boire.

⁓ ≈ ⁓

Les cerfs-volants sont des vertiges
à portée de nos doigts.

⁓ ≈ ⁓

Une étreinte qui fit le temps.
Une incontenable joie qui fit le big bang.

⁓ ≈ ⁓

De poussière d’étoiles à poussière d’étoiles :
Nos cœurs sont en voyage.
Nos cœurs sont en voyage
et font de nous des êtres humains.

⁓ ≈ ⁓

Sur le terrain de cette nuit, qui es-tu toi poésie
qui porte sur la balance
cette lune à bout de bras ?

⁓ ≈ ⁓

Dans cette zone appelée Imagination
ce n’est plus la terre qui tremble
non, désormais
c’est le mot qui vibre.

⁓ ≈ ⁓

En discutant avec un vent du soir,
celui-ci me parle du Feu.
Je lui dis que le Feu ressemble à un miracle.
La Vie bien plus encore, me réplique-t-il, avant d’ajouter :
Et je ne parle pas du fait que tu m’imagines parler avec toi.



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