Dédicace à Tantale, un vieil ami... et à d'autres piliers de comptoir...
Parrain,
Voilà des mois déjà que notre refuge est parti en fumée. Des mois que tu nous as quittés. Certains ont fui vers une autre demeure. la flamme en leur foyer n'a pas la meme chaleur.
Egarée dans les rues je vagabonde. Rien de ce que j'ai vu n'avait la meme saveur. Je ne cesse de revenir sur nos décombres. Du bout de mon pinceau je ramasse des pierres... seule, il est si dur de les assembler. Avec vous est parti cet élan qui soufflait nos montagnes. Plus rien ne se tient aujourd'hui.
As-tu déjà vu un louveteau perdu errer après sa meute? Je glisse de tout mon corps au milieu des débris, qui dansent autour de moi de se savoir bannis. J'entends encore sous les lambris les chuchotis des confidences. Le grattement de l'encre qui sculpte des allées pavées de pieux et bordées de dentelles. Tous ces échos qui furent mes compagnons ne forment plus que des maux, insoupçonnables.
Parrain, cette lettre, comme toutes les autres, restera sans réponse. J'y souffle les vestiges d'une vie prospère, dans l'attente d'une lueur déchirée aux commissures des lignes.