Le prix de la liberté
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Le prix de la liberté

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Le prix de la liberté
« le: 05 févr. 2019, 19h10 »
Le prix de la Liberté
1- Sacrifice


Prologue
Moedige



Liria courait de toutes ses forces. Devant elle, les derniers rescapés fuyaient vers la cathédrale, l’un des rares bâtiments encore intacts. La petite fille se remémorait la scène qui s’était jouée devant ses yeux : sa mère lui criant de fuir alors que son père tentait de retenir en vain les soldats de fer qui entraient chez eux. Elle avait réussi à s’échapper et avait été recueillie par un petit groupe de survivants dont le guide était un jeune homme nommé Moedige. Il leur avait expliqués que sous l’église se trouvait d’anciens réseaux de contrebande  qui menait à l’extérieur de la ville et qu’ils devaient à tout prix l’atteindre. Liria s’était mise en route, se cachant derrière les voitures ou les porches des maisons en feu. Elle fut soulagée lorsqu’elle vit enfin la grande façade couverte de suie apparaître au bout de l’imposante avenue. Les survivants s’y engouffrèrent rapidement et Moedige referma la lourde porte derrière eux. Il les guida ensuite derrière l’autel où un escalier s’était dévoilé. Chacun son tour ils descendirent les quelques marches menant au souterrain et se retrouvèrent dans l’obscurité la plus totale. Le jeune homme alluma une petite lampe torche et entreprit de remonter le tunnel le plus silencieusement possible. Dans la pénombre, Liria pouvait entendre les grondements de la bataille au-dessus de sa tête ainsi que les flammes qui crépitaient. Au bout de quelques minutes de marche, l’enfant aperçut une lueur au loin et s’élança vers celle-ci. Les autres rescapés suivirent le mouvement et, dans une lumière éblouissante, se retrouvèrent enfin à l’air libre. La petite fille prit le temps de contempler l’endroit où elle se trouvait. Tout autour d’elle, ce n’était que fleurs parfumées et oiseaux multicolores. Les arbres qui l’entouraient étaient tellement grands qu’elle ne voyait même pas leurs cimes. Elle inspira profondément et aperçut une odeur qu’elle connaissait bien. Elle prit une seconde inspiration et sourit. C’était l’odeur du pain tout juste sorti du four qui embaumait ainsi l’air. Moedige posa une main sur l’épaule de l’enfant et déclara :
- Il y a un ancien internat pas loin d’ici où vous serez logés et nourris en attendant de vous trouver une nouvelle place dans la communauté.
Liria le regarda avec de grands yeux étincelants et s’exclama de sa petite voix :
- Et si on se dépêchait d’y aller, mon ventre gargouille d’impatience !
Le jeune homme rit à gorge déployée, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas était aussi heureux. Il prit doucement la main de Liria dans la sienne et tous deux se dirigèrent vers le grand bâtiment en brique rouge.



Mais ce bonheur fut de courte durée. En effet, lors d’une rude journée d’hiver alors que Liria jouait calmement avec Belle sa poupée et Bobby l’ours en peluche, Margareth entra en trombe dans la chambre que la petite partageait avec Moedige, suivie de près par Néon et Oras qui portaient avec difficulté le jeune homme. Ils l’allongèrent doucement sur le lit et Margareth se pencha au-dessus du garçon. Liria se releva rapidement et se dirigea à grands pas vers le lit. Elle aperçut alors le visage dévasté de Moedige et la peur monta en elle. Margareth avait posait une main réconfortante sur le front du malade mais son regard était soucieux.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda alors l’enfant. Qu’est-ce qu’il a Moe ?
La vieille femme leva les yeux vers cette fillette si frêle et secoua la tête.
- Je n’en sais rien, Liria. Moedige revenait de mission lorsqu’il s’est tout à coup effondré. Il venait à nouveau de sauver un vingtaine de personnes !
La petite fille sentit alors une légère pression sur sa main et se tourna vers l’homme qu’elle considérait comme son frère. Il tenait dans sa main un petit pendentif qui brillait de mille feux. Il articula lentement : 
- Garde ce pendentif sur toi, Liria. Il te protégera de tous les dangers. Et surtout, n’en parle à personne.
L’enfant prit doucement le collier dans ses mains et fut surprise de constater qu’il émettait une chaleur familière et rassurante. Elle se pencha sur le médaillon pour mieux l’observer : c’était en fait une petite fiole en forme de poire, soutenue par un vieux cordon de cuir, contenant un étrange liquide doré qui émettait une douce lumière. Elle plongea son regard dans celui du garçon mais ne réussit pas à déchiffrer la vague de sentiments qui déferlait en eux. C’était la première fois qu’elle n’arrivait pas à deviner ses pensées et cela l’inquiéta. C’est alors que M. Wicked, le directeur de l’ancien internat, fit irruption dans la pièce et se dirigea droit vers le garçon. 
- J’aimerais parler seul à seul avec Moedige, grogna-t-il.
Margareth hocha lentement la tête et prit Liria dans ses bras. Lorsqu’elle croisa son regard, la fillette perçut une lueur d’épouvante dans les yeux de la guérisseuse et elle se mit à gesticuler en hurlant : «  Je veux rester avec Moe ! Je ne veux pas qu’il me quitte ! ». Mais Liria ne réussit pas à se dégager de l’emprise de Margareth et dans un dernier « Moedige ! », elle vit M. Wicked se penchait d’un air menaçant sur son frère. Quelques instants plus tard, elle entendit un hurlement de terreur derrière les portes désormais closes.