Tu crois que la brume et la pluie te volent le ciel ?
Détrompe-toi, ce sont des cordes tissées qui te relient à l’azur. Il faut que tu le saches, toi la terre sèche.
Cette nuit, j’ai rêvé à tes espaces vides entre deux mottes, aux dessins qu’ils formaient, comme une carte de géographie punaisée sur un mur lépreux. Au fur et à mesure que l’eau arrivait, qu’elle fut du ciel ou du fleuve en crue, la carte s’illuminait, les dessins se reformaient, les grains s’agglutinaient pour former de nouvelles mottes, généreuses et collantes.
Tu devins terre irriguée, tu devins généreuse.
Dans mon rêve, la mer était à proximité. J’avais quitté les sources près des rochers, ma peine encore accrochée à eux comme l’aurait été un lichen.
J’entendais la mer entre mes respirations. À chaque vague en ressac, une nouvelle cartographie se dessinait dans mon cortex. La mer inaugura le sable puis entra dans mon crâne, creusant de nouveaux sillons de neurones.
Je devenais partie prenante de la mer, elle m’avalait.
C’était l’hiver, dans un petit bungalow. La plage déserte et la mer me fut offerte.
Après ce rêve j’ai compris que j’étais la femme aimée. Ce n’étaient ni la pluie ni la mer qui irriguaient. C’était toi, celui qui m’aime, qui me rendait source. Je l’atteste encore.
Tu vois, la brume et la pluie ne te volent pas le ciel, ce sont des cordes tissées qui te disent l’azur.