Demain, quand viendra son heure, j'écrirai.
Foin de pesantes nécrologies !
J'écrirai des requiem sublimes que je chanterai à la cantonade !
Sur les plafonds des cathédrales, je tendrai les fils de mes mots, tels des synapses entre mes pensées douteuses, mes certitudes d'abruti, mes joies cachées, mes souffrances d'acide, mes nuits sans toi, mes amours oubliées et les odeurs diluées de l'enfance.
Alors, imagine les grandes orgues faisant ensemble vibrer tous ces fils suspendus dans mon crâne pour enfanter des récits, des contes, des poèmes et des romans inachevés, qui se perdent jusque dans la Bolivie, où les lamas sont tristes quand ils rêvent d'icebergs de thé chaud conduits par des voyous qui songent à des bateaux démâtés, à des coques de noix récitant des évangiles inédits dans les eaux noires et froides de détroits de Magellan, de baies d'Hudson où flottent des confitures de pêche évadées des geôles de mes neurones.
Alors, l'heure sera venue ! L'angoisse sera bue.
Et enfin la lune se taira.